Visite du Président américain au Bénin :
18 févr. 2008
La fierté !
Qu’il soit largement impopulaire aux Etats-Unis, la visite
de l’homme le plus fort de la planète dans un pays étranger, ne laisse personne
indifférent. Une petite escale de trois heures de Georges W. Bush à l’aéroport
international de Cadjehoun a suffi au bonheur du Président béninois.
C’est sans doute la première victoire diplomatique majeure de l’ère Yayi Boni.
Le Président de la
République peut désormais surfer sur ce succès et se refaire
sur une excellente santé politique. Face aux réalités du pouvoir béninois de
plus en plus difficiles à gérer, face aux grèves tous azimuts dans tous les
secteurs, face aux critiques répétées de la classe politique opposante, face
aux soupçons d’enlèvements et de tentatives d’enlèvements d’opposants, face à
la colère des professionnels des médias au lendemain des déclarations
guerrières et fantaisistes de Lionel Agbo, face à l’impatience des Béninois de
voir enfin le «Changement» prôné se traduire en réalité, Yayi Boni ne pouvait
pas mieux se donner une bouffée d’air frais. Georges Bush a bel et bien foulé
le sol béninois le samedi dernier. Peu importe s’il n’est resté qu’à la porte
du pays, au salon d’honneur de l’aéroport ! Pour le faire entrer dans la ville
de Cotonou, il va falloir déloger tous les habitants pour sa seule sécurité.
Incroyable mais vrai ! Yayi Boni est d’ailleurs prêt à tous les sacrifices
insensés pour satisfaire son illustre hôte. Il s’agit d’une première visite du
Président républicain qui s’est traduite par une simple escale à l’aéroport de
Cotonou. Une escorte d’enfer, des mesures de sécurité draconiennes et parfois
humiliantes, un véritable marathon qui a duré un peu plus de deux heures. A
peine le temps pour le Président américain d’être élevé à la dignité du Grand
croix du Bénin ; c’est la plus haute distinction de l’ordre du pays. Yayi Boni
a tout de même des raisons d’être fier de cette visite : le Bénin a été choisi
comme étant la première étape de la visite sur les cinq étapes africaines
prévues (Tanzanie, Rwanda, Ghana et Liberia). L’autre raison, c’est que le
Président américain ne visite pas un pays s’il ne juge pas raisonnable de le
faire. Le Bénin est la première escale du Président américain et cela n’est pas
un signe anodin. Pour ce qu’il sait de l’actualité politique du pays, il a
vaguement exprimé son «encouragement et son soutien aux efforts de
consolidation de la démocratie au Bénin». Un simple transit à l’aéroport ! Bush
peut-il réellement dire qu’il a visité le Bénin ? Yayi Boni doit-il vraiment en
être fier ? De toute manière, Yayi Boni n’a pas le choix, il fait les frais de
la pauvreté du continent et du pays. Lors de sa dernière visite aux Etats-Unis,
le Président béninois y a passé des jours avant de se faire recevoir quelques
minutes par Georges Bush. Le fossé entre les deux hommes est assez profond. Ils
ne parlent pas la même langue et l’un dirige ( laborieusement !) le pays le
plus riche pays au monde pendant que l’autre se complait à la tête de l’un des
pays les plus pauvres au Bénin. L’histoire retiendra tout de même que Yayi Boni
a reçu le 43ème Président des Etats Unis au Bénin. Il s’agit d’un grand événement
politique et historique tout à l’honneur du Président.
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