"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Bilan à mi-parcourt

An II, cœur en détresse !

lundi 7 avril 2008

Arimi CHOUBADE

Rédigé le 07 avril 2008

 

Je me serais volontiers abstenu de gâcher le bonheur des nouveaux princes, festoyant en boucle sur les chaînes de télé pour l’an 2 du régime. C’est leur droit de s’enfoncer davantage dans des manipulations despotiques, des mensonges d’Etat, des combines et des entourloupes politiques. Leur droit aussi de choisir d’insulter la misère de leurs compatriotes à travers des orgies, des paillettes et de l’or à l’occasion de dispendieuses mondanités. Mais c’est également du droit d’un chroniqueur de médias de restituer l’envers du décor. Parfois à contre cœur. Et oui, à contre cœur.

Tout chroniqueur aussi professionnel, aussi impartial qu’il soit dispose aussi d’un soupçon de sensiblerie. J’en veux pour preuve, la période sabbatique de l’excellentissime Tlf (Félicien Tingbo) qui avait volontairement planté sa plume dans du sable dès l’avènement du changement. Il a dû reprendre de la verve quelques mois plus tard face au révisionnisme ambiant, au risque d’écorcher par endroits la « nouvelle » ligne éditoriale que sa station essaie de se donner, non sans grand mal. Chassez le naturel…

Au début, beaucoup s’étonnait que la « République des Marigots » du sud version Changement se soit donné deux « docteurs Malèkè » : deux fous qui ruent dans les brancards sans limite. Ceux qui ont lu Le Cercle des Tropiques de Alioune Fantouré savent de quoi il s’agit. Aujourd’hui le sport de la critique verte draine de plus en plus d’adeptes. Magistrats, avocats, enseignants, G13, puis G4, Padme etc… commencent par sentir eux aussi les méfaits du culte du régime à la limite du blasphème et du sacrilège. Comme j’ai décidé de rester dans la sensiblerie à travers cette chronique, j’avoue que j’aurais tant souhaité que nous n’ayons jamais eu raison, Tlf et moi. Et que nos alertes n’aient été que de pures déformations de rêves. Finalement, on ne peut s’empêcher d’enrager, de constater le sans-gêne des gens qui conduisent progressivement le pays au bord du précipice.

L’Etat du Bénin s’ait qu’il ment en proclamant qu’il a rendu gratuite l’école maternelle et primaire. Juste une exonération de frais de scolarité qui vaut déjà une bienveillante initiative sans qu’on ne rajoute la mégalomanie. Les uniformes, les livres, les fournitures scolaires, le déplacement des enfants demeurent à la charge des parents. Le Centre national de production de manuel scolaire (Cnpms) de Porto-novo n’a bénéficié d’aucune espèce d’attention depuis deux ans. Aucun des communicants de l’an II du régime n’a osé exprimer en chiffres le nombre de nouvelles écoles construites, de pistes rurales aménagées, d’hôpitaux refaits, de puits forés d’avril 2006 à avril 2008.

Beaucoup de Béninois n’ont pu sabler le champagne en ce week-end festif des « caurisants » privilégiés. Les diplômés sans emploi chassés après le retour à la douane de l’escorte des véhicules d’occasion, les paysans qui viennent de subir deux saisons cotonnières à la limite de la catastrophe, le secteurs des Gsm actuellement sous la coupe réglée de l’affairisme d’Etat, les opérateurs économiques constamment astreints à la pression du fisc, les travailleurs groggy après la diminution du Smig, les premiers prisonniers politiques de l’ère du changement lié au rocambolesque épisode du vol de cartes d’électeur. Le quai abrite finalement plus de gens que le navire de l’émergence lui-même.

Excusez moi si la mélancolie reprend le dessus. La tête n’est vraiment pas à la fête.

 



07/04/2008
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