La fiche de paie de Boni Yayi
8 novembre
2007 - In La Presse du Jour
Combien gagne réellement le Président
de la République ?
Autrement dit, à combien nous revient la fonction présidentielle ? On
savait qu’à l’avènement de la révolution, le grand camarade de lutte gagnait 15F.C’était sa solde et cela
lui suffisait. Du moins au commencement de la révolution, c’en était ainsi.
Dans le vaste mouvement dans lequel nous sommes engagés, il y a lieu de donner
des signaux forts. Le Président s’est proposé de lutter contre la corruption en
marchant, vertement, cela s’entend. Intéressons nous aujourd’hui à sa fiche de
paie. Proposons nous d’appréhender ce que coûte au contribuable béninois,
l’activisme présidentiel. On sait qu’avec le Président Boni Yayi, c’est un nouveau
style de gouvernance. Et s’il ne trouve pas toujours de bons arguments, il ne
cherche jamais d’excuses. Sur cette question, il est vrai qu’on a attendu en
vain, Transparency International monter au créneau pour demander au roi Boni
YAYI Premier, de donner l’exemple. On n’a jamais vu une fiche de paie de
Président. La dynamique dite du changement, aurait voulu qu’on en soit
imprégné. Trois paramètres pourraient justifier cette curiosité : la
transparence, les comparaisons internationales, le bon sens et la fin de
l’hypocrisie. L’avantage d’une telle option permet de mettre le Président de la République au-delà du
soupçon, de confronter ses biens de fin de mandat avec les déclarations faites
à la Cour des
Comptes. Autre curiosité à satisfaire, c’est que le citoyen d’en bas saura avec
certitude si le Président de la
République paie désormais ses dépenses privées et ne vit plus
aux frais de la princesse. Si nul ne conteste qu’au jeu du "travailler
plus pour gagner plus", l’actuel président mérite un multiple des
émoluments de son prédécesseur, l’éthique est plus forte que l’arithmétique, et
un petit pays qui voudrait émerger est contraint de faire des sacrifices. Et
ceci d’autant plus que le pouvoir d’achat des Béninois est en berne avec une
hausse du prix du pain. Il est vrai que pour donner un sens supplémentaire au
volontarisme présidentiel, il faudrait bien l’encourager car le
désintéressement n’a pas plus de sens dans un monde fortement capitaliste. Dire
au Président de se contenter de l’amour de la patrie comme récompense, relève
de l’utopie. Et ouvrirait la porte à des tentations plus fortes. Le chef de
l’Etat, surtout, pourrait et devrait inscrire la réévaluation de sa solde en
apogée d’une vaste réforme des appointements de tous les élus béninois. Il est logique
qu’il soit le mieux payé d’entre les élus, puisqu’il est, de tous, celui qui a
rassemblé le plus grand nombre de Béninois sur son nom, mais c’est toute la
pyramide des rétributions démocratiques qu’il faut redorer, au nom même de
l’intérêt républicain. Comment bien payer ceux que le peuple mandate ?
Comment les payer assez pour que la vocation publique attire les meilleurs et
que la corruption n’ait sur eux aucune prise ? Car l’abnégation d’un maire
mérite autant récompense que l’activisme d’un président. La feuille de paie du
Président Boni Yayi est très attendue . . . pour évaluer non l’écart entre lui
et le dernier planton du pays, mais pour qu’on sache le salaire raisonnable
d’un Président émergent qui porte rarement les productions locales.
Herbert Houngnibo