Bio Tchané a peur !
30 octobre 2007 -
In La Presse du Jour - L’ancien
ministre des finances de Kérékou a fait confirmer, par les chroniqueurs de
Fraternité, qu’il ne sera pas candidat à l’investiture de quoi que ce soit pour
la présidentielle de 2011. Ni tristesse ni amertume de la part de ceux qui ont
cru que sa candidature se précise. Au contraire, M. Bio Tchané fait
économie d’encre et fait sourire les professionnels de la politique. C’en était
bien une distraction car M. Bio Tchané est bien loin de saisir les paramètres
réels de la nouvelle donne politique. Pouvait-il faire autrement que de
démentir une rumeur qui, en réalité, est une perturbation dans la sphère des
possibles du microcosme politique béninois ?
Bio Tchané peut-il rassembler
ou en tous cas opérer un rassemblement suffisant pour qu’un choix clair soit
possible en sa faveur ? Je constate qu’aucun indice officieux d’un
éventuel rassemblement n’est perceptible autour de son nom. A Sèmèrè, Ouaké,
Djougou, les intellectuels communautaires sont déjà orientés vers un soutien
bien indéfectible au régime du changement très capitaliste mais qui affiche un
visage communiste. La clarification spontanée que Bio Tchané a voulu faire
savoir à Fraternité, contribue à clarifier une situation nébuleuse et un débat
paralysé par les incertitudes sur son charisme. De ce point de vue, Bio Tchané
a été cohérent, soucieux de l’intérêt d’une agglomération politique
géographique et en phase avec les idées qu’il défend. Il a annoncé que sa
candidature n’était pas envisageable. Il n’a pas voulu " fractionner sa
famille politique" en ajoutant une candidature de trop. La vraie question,
personne ne semble se la poser : N’est-il pas temps que les partis aillent
au-delà du lieu commun et s’imposer à eux-mêmes des règles sévères inhérentes à
leur statut pour investir des militants ?
Le personnel politique dit
aujourd’hui reconquérir ses lettres de noblesse et être exemplaire pour la
démocratie. Le peuple a désormais un faible pour ceux qui sont insoupçonnables,
exemplaires et rigoureux. Si "la femme de César ne doit pas être
soupçonnée", le candidat du peuple doit être inattaquable et mériter une
confiance sans ombre. Son parcours doit être un modèle pour la jeunesse et ses
concitoyens. Mais cela seul ne suffit plus. Va-t-on reconquérir l’opinion en
remettant en selle ceux qui ont cédé à la tentation de l’exil volontaire sous
le prétexte qu’ils sont appelés à servir les institutions
internationales ? A qui fera-t-on croire qu’il n’est pas possible de
trouver de nouvelles candidatures, en dehors de Boni Yayi, Adrien Houngbédji,
Bio Tchané et…. ?
Un code d’honneur doit être au parti politique ce qu’est
le serment d’Hippocrate aux médecinx : une référence, une intransigeance,
la noblesse d’une ambition au service de tous, et non exclusivement personnelle.
Son premier article fondateur devrait être que tout homme politique ayant
abandonné le navire gouvernemental pour l’enrichissement à l’international ne
puisse jamais retrouver d’investiture des partis déclarés ou de mouvements
républicains. Cela n’est pas un procès visant spécifiquement la personne de Bio
Tchané mais la traduction d’un découragement et d’un écoeurement, hélas trop
partagé, de ses admirateurs qui en ont eu pour leur compte d’avoir suscité sa
candidature. Il leur a répondu par un mépris arrogant digne des fonctionnaires
internationaux. C’est le moment de préparer, avec fermeté dans les
comportements politiques, de " Grands Hommes ", une certaine idée du
Bénin. On ne rejette pas une sollicitation avec tant de mépris. A moins que la
candidature ne soit plus qu’un slogan publicitaire…
Herbert
Houngnibo
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