"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Bras de fer entre la justice et l’exécutif :


 Le gouvernement veut céder 


Écrit par Le Matinal du 26/12/2007   

Fort probablement, les magistrats risquent d'avoir gain de cause dans le bras de fer qui les oppose à l'exécutif. C'est le sentiment qui se dégage suite à l'intervention du conseiller technique aux affaires juridiques du chef de l'Etat, le professeur Victor Tokpanou. De plus, des informations dignes de foi confortent bien les esprits qui entrevoient l'issue prochaine de la crise. Mais en attendant, les magistrats renouvellent dès ce mercredi 26 décembre leur mouvement de grève et ce, pour 72 heures.

La tension baisse entre le gouvernement et la justice, mais les magistrats ne renoncent pas à la politique de débrayage. Malgré une lueur d'espoir de voir la décision du conseil des ministres qui suspend provisoirement les arrêts de justice relatifs aux litiges domaniaux rétractée, les fonctionnaires du secteur de la justice ne sont pas prêts à reculer. Par contre, le gouvernement affiche un apaisement, qui annonce que la capitulation n'est qu'une question de temps. Cette hypothèse parait bien plausible et l'optimisme est d'actualité dans le rang des magistrats. Lors de l'Assemblée générale de l'Union nationale des Magistrats du Bénin ( Unamab) tenue le vendredi 21 décembre, le sentiment partagé, a été de constater que le vent de l'apaisement souffle après l'intervention du conseiller spécial aux affaires juridiques du chef de l'Etat Victor Tokpanou. Mais, faudra-il voir par cette intervention la bonne foi de l'Exécutif de revenir sur sa décision. La réponse a été sans ambages. C'est non. Le ton conciliant du conseiller du chef de l'Etat n'est pas suffisant aux yeux des magistrats pour qu'ils jettent les armes sans avoir touché du doigt la matérialisation de l'intention de l'Exécutif. Le motif est tout trouvé pour reprendre le mouvement de débrayage. Et, c'est reparti pour 72 heures sur toute l'étendue du territoire nationale. Les désagréments, devenus fréquents dans le vécu des populations à chaque fois que la justice est en grève, commencent par inquiéter le gouvernement. Puisque la paralysie du secteur judicaire, est non seulement gênant pour la démocratie, mais aussi très désavantageuse pour l'économie, sans oublier que la moralisation de la vie publique à laquelle le Président de la République accorde beaucoup d'intérêt et de prix prendra un coup. Par exemple, dans le dossier de mauvaise gestion de la Société béninoise d'énergie électrique (Sbee), dans lequel deux députés à savoir Célestine Adjanohoun et Luc da Matha sont impliqués, l'inertie de la justice ne permettra jamais d'aboutir, quand on sait qu'au regard de la loi, il revient au juge de demander la levée d'immunité des mis en cause afin qu'ils répondent de leurs actes. On ne va pas se contenter de cet exemple pour montrer à quel point le gouvernement a intérêt à reculer, au lieu de foncer droit vers un chemin sur lequel il est sûr d'être dérouté, car on ne fait pas la guerre avec la justice de son pays. Les magistrats savent que le pouvoir risque d'avoir contre lui, les partis politiques dont les candidats aux élections communales et municipales auront besoin de pièces à délivrer par la justice avant de constituer leurs dossiers de candidatures. Laisser les acteurs de cette justice continuer sans chercher à mettre la balle à terre, est dangereux et porteur de germes d'une nouvelle crise politico électorale. Pourquoi voir venir cet imbroglio et s'entêter à tirer sur la ficelle ? Inutile. L'intervention du conseiller du chef de l'Etat a tendance à calmer les ardeurs des magistrats, mais les seuls mots et gestes n'ont pas eu le pouvoir de dissuader ces derniers. Bien au contraire, ils ont eu l'impression que le gouvernement veut juste les séduire. Le mot est d'aller jusqu'au bout, de sorte à ce que la décision soit rapportée. Les signes d'un dénouement sont apparents désormais. Il est alors loisible que le gouvernement regarde dans cette direction. En cherchant à épargner les contrées sujettes à des conflits domaniaux de troubles sociaux, le chef de l'Etat Yayi Boni a ouvert la porte à un champ d'affrontement qu'il doit vite refermer.

Fidèle H Nanga



26/12/2007
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