Persistance des dérives et invectives dans les médias audiovisuels :
La Haac et l’Odem, complices ? |
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Écrit par La Nouvelle Tribune du 11/03/2008 | |
De
plus en plus les chaînes de télévision du Bénin aussi bien privées que
du service public éprouvent une certaine aise à diffuser des propos
pourtant susceptibles d’inciter à la violence sans que ni la Haute
autorité de l’audiovisuel et de la communication (Haac) ni
l’Observatoire de déontologie et d’éthique dans les médias n’aient
jusqu’ici pris la moindre mesure même dissuasive. Inspiré
entre autres de l’arsenal législatif béninois relatif à la presse, le
code de déontologie de la presse béninoise stipule en son article 10
que « le journaliste se refuse à toute publication incitant à la haine
tribale, raciale et religieuse. Il doit proscrire toute forme de
discrimination. Il s’interdit l’apologie du crime ». Aussi
l’article 2 du même code traitant de la responsabilité sociale du
journaliste précise-t-il que « le traitement des informations
susceptibles de mettre en péril la société requiert du journaliste, une
grande rigueur professionnelle et, au besoin, une circonspection ». Ces
dispositions ajoutées aux nombreuses autres contenues dans les lois de
1960 et 1997 relatives à la presse interdissent aux médias la diffusion
ou la publication de propos incitant à la violence. Mais il se fait que
depuis quelques semaines ou mois, les médias béninois notamment les
chaînes de télévision s’illustrent, en plus de la discrimination qui
les caractérise depuis l’avènement du régime du changement, dans la
diffusion de propos injurieux et incitatifs à la violence. Il s’agit
par exemple de la diffusion sur les antennes de la télévision nationale d’une
intervention du préfet des départements du Borgou et de l’Alibori,
Alassane Gado qui s’attaquait vertement et gratuitement à des hommes
politiques. La même télévision a diffusé dans la même période, des
propos d’un certain Soumanou El Farouk et de présumés chefs de parti
politique, Nazaire Dossa et Idrissou Ibouraïma tous aussi injurieux que
le préfet à l’égard des mêmes hommes politiques à qui ils reprochaient
d’avoir critiqué le chef de l’Etat à qui, eux ils réaffirmaient leur
« soutien indéfectible ». Dans les extraits diffusés par la télévision
nationale, ces personnes ont traité certains de leurs vis-à-vis de
criminels, de pilleurs de l’économie nationale, de maux qui pourraient
amener ces derniers ou leurs partisans et parents, à une sorte de
réplique ou même de révolte. Hier lundi, dans l’édition matinale de son
journal parlé, Golfe télévision a reçu un invité, un jeune, membre d’un
nouveau creuset de soutien aux actions du président Boni Yayi.
Celui-ci, pour monter la capacité de son groupe naissant à apporter au
chef de l’Etat, un soutien d’une qualité exceptionnelle disait à
l’endroit des membres du fameux G13 sans les nommer, « nous leur disons
d’arrêter sinon ils nous auront sur leur dos ». Ou encore, « nous
allons les traquer et donner certains détails sur la manière dont ils
ont disposé impunément des ressources de tout le peuple sous le
général ». Ces propos diffusés en plus de ce qu’ils correspondent bien
à des menaces comportent un caractère de chantage et expose les
responsables de cette télévision à une violation des dispositions
citées supra, les rendant par ailleurs responsables des déconvenues
sociaux éventuels. Les cas sont légion depuis l’ouverture
malencontreuse et précoce des hostilités dans la perspective des
prochaines élections locales. La complicité de la Haac et de l’Odem La
Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (Haac) et
l’Observatoire de déontologie et d’éthique dans les médias (Odem)
semblent jusqu’ici opposer à ces dérives une indifférence qui
interpelle. Doivent-ils attendre le pire ou d’être saisi par un tiers
avant de constater et faire observer aux auteurs présumés leur
responsabilité ? Sinon, à ce jour,ni l’institution de la République en
charge de la régulation des médias qu’est la Haac ni la structure
d’auto régulation de la presse qu’est l’Odem n’ont pris un acte
officiel rendu public sur ces cas de dérives pourtant graves. Cette
indifférence n’est pas seulement relative aux situations dénoncées ici
mais concerne aussi l’affaire des « contrats » par lesquels ces
télévisions portaient déjà depuis plusieurs mois une atteinte grave au
droit des citoyens à une information vraie. Ludovic D. Guédénon |
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