"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Briser la dynamique

 de paralysie de notre Pays

 

Guillaume Adouvi

Béninois de l’extérieur - France

 In La croix du Bénin

Notre espace politique national, qui est loin d’être un champs d’affrontements destructeurs et de querelles stériles – au contraire, le Bénin a déjà prouvé au monde entier en 1990 en organisant la première conférence nationale en Afrique qu’il est un modèle de démocratie - doit confi rmer cette année 2008 qu’il est un haut lieu pour un dialogue démocratique et constructif, à la base, dans l’esprit des valeurs de liberté, de fraternité, de tolérance, de justice et d’égalité. Valeurs auxquelles le peuple béninois est fort justement attaché.

Les spectacles de ses dernières semaines - d’un côté les velléités hégémoniques et la volonté frénétique d’imposer sa vision arithmétique vaille que vaille de la majorité parlementaire, et de l’autre côté l’absence de vision politique prospective d’une opposition prosaïque, fortement éprouvée par des revers électoraux successifs et qui s’oppose sans bravoure, avec des relents palinodiques pour certains, à l’hégémonie tantôt discrète, tantôt affichée avec condescendance des thuriféraires du pouvoir, sans jamais proposé de solutions alternatives concrètes aux propositions ou décisions du pouvoir ou de la majorité comme si son dessein, à l’opposition regroupée, est désormais de subsister et d’être maintenue dans ses habits jusqu’aux prochaines élections présidentielle et législative

de 2011 - ces spectacles ressemblent fortement à des tests pyrotechniques. Des tests néfastes déjà expérimentés dans d’autres contrées avec des résultats fumants et catastrophiques pour les populations, les infrastructures l’environnement et l’économie.

Ce que seul le génie politique béninois empreint du sens de la concertation, de la tolérance et de l’acceptation de l’autre, peut et doit aider à stopper, à conjurer.

La résonance, la violence de la rupture de dialogue constatée entre groupes parlementaires majorité et minorité renforce notre inquiétude que le pays s’achemine vers une crise institutionnelle majeure et durable. Elle renforce aussi notre conviction que plus que jamais la révision constitutionnelle, qui est inévitable, connaît une époque propice pour son toilettage. Et, ce peut-être cette année 2008 avec l’affirmation d’une franche volonté politique et d’un bon cadre de dialogue et de concertation entre les différents acteurs et, sans oublier les vrais constituants et mandants : le peuple.

 

La Cour Suprême pour sortir de l’impasse actuelle ou pour conduire à une autre?

Le peuple béninois – de l’intérieur comme de l’extérieur - retient son souffl e avec raison et angoisse depuis l’annonce par la Cour Constitutionnelle de son incompétence à connaître le contentieux du recours à elle adressé. L’enjeu est de taille donc! C’est un enjeu électoral majeur. Heureusement que

la constitution a prévu expressément la voie de résolution des contentieux électoraux. Mais la décision de la Cour Suprême aurait-elle apporté une solution satisfaisante ou moins douloureuse aux contestataires? La rupture de dialogue constatée se transformerait-elle en rupture définitive de bans?

Le principe de la majorité ou de l’unanimité dans les instances de prise de décisions dans les institutions démocratiques s’appliquerait-il naturellement et de force, au risque que la minorité, voire l’opposition déclarée ne se trouve définitivement absente des débats? Mais au fait, les contestations électorales et les affrontements armés ne naissent-ils pas des difficultés liées à l’organisation et à la supervision des opérations de vote? Ce qui se passe aujourd’hui au Kenya est-il un cas isolé?

 

L’impérative démocratique

Dialoguer permet de résoudre des problèmes. Mais lorsqu’ils - les problèmes - persistent, la communication, c’est-à-dire la prise en compte des intérêts des uns et des autres ne permet-elle pas aussi de trouver des solutions négociées, satisfaisantes pour toutes les parties au conflit ou de les désamorcer? Cela est vrai et le peuple béninois le sait très bien. Nous n’aurons pas besoin d’aller chercher plus loin dans notre mémoire collective nationale pour trouver des exemples. Les négociateurs, médiateurs, pacificateurs, modérateurs et autres arbitres, sages et personnes ressources le pays en regorge. Oui, notre pays le Bénin ne peut que se réjouir d’avoir en son sein des femmes et des hommes animés de principes anthropologiques, philosophiques, professionnels, spirituels, culturels et cultuels majeurs combinés à leur haut sens patriotique et leur devoirs de responsabilité et de solidarité collectives, capables d’asseoir les uns et les autres autour d’une table afin d’arrondir les angles, et trouver la solution acceptable pour tous!

Ces femmes et ces hommes, ces dignes fi ls du Bénin, qui sont notre fi erté sont sur place au pays, et il appartient aux observateurs de la vie politique, aux acteurs de la vie économique, aux associations de société civile, aux amis du Bénin et du peuple béninois, mais aussi à vous mesdames et messieurs les journalistes de les interpeller, les inviter à s’impliquer, à s’ingérer dans l’alchimie politicienne afin que les intérêts de quelques-uns - furent-ils de la minorité ou de la majorité parlementaire, ne compromettent pas la réalisation, ô combien quotidiennement déjà difficile, de notre destin collectif national.

L’impérative démocratique, c’est aussi je pense, préserver son espace vital, l’intégrité de son territoire afin de continuer à y introduire les bons outils de développement économique durable, de développement social, culturel et sportif pour le bien-être de tout un chacun, dans un climat de tolérance et de paix.

Guillaume Adouvi

Béninois de l’extérieur – France



24/01/2008
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