CERTIFICAT D’APATRIDIE
Par Arimi CHOUBADE (Editorial du quotidien NOKOUE du 07 juin 2007)
Le
plus apatride des Béninois ? Cela coule de source de l’avis des
propagandistes de Yayi. Qui d’autre que le fameux mauvais perdant selon
un portrait robot établi. Celui-là qui ayant perdu le second tour,
refuse de rejoindre (officiellement) l’opposition, mais se fait plaisir
à brocarder régulièrement le régime en place. Ses termes favoris :
navigation à vue, précipitation, brasseur de vent, « ventilateur »,
agitation, plagiat, harcèlement, fraudes électorales. « Qui veut
moraliser qui et qui veut moraliser quoi ? ».
Il
a eu le malheur de se faire distinguer aux ultimes heures de gloire de
la chiraquie. Alors que les propagandistes n’ont même pas eu le
privilège de disposer de la fameuse poignée de main entre leur champion
et ce même Chirac lors de la visite officielle effectuée sur Paris il y
a quelques semaines. Privilège exclusivement réservé aux amis fidèles.
Conclusion, le docteur président des Béninois ne serait pas le préféré
du tout récent retraité du Palais de l’Elysée. Il y eut dans la foulée
quelques inquisitions journalistiques étalées dans les médias à
l’audience internationale. Des brûlots dont l’indiscrétion et la
précision font penser qu’ils ont été inspirés par des gens de la
maison. Le plus croustillant dans l’affaire, c’est lorsqu’on lie les
difficultés actuelles de l’économie béninoise à cette croisade annoncée
d’un apatride. Il aurait constitué, à cet effet, un trésor de guerre de
200 millions.
Les
Béninois ont mis trop d’espoir dans l’avènement du changement pour
avaler cette salade qui équivaut presque à un aveu d’échec. A
croire qu’un seul individu serait capable de mettre en déroute toute
une stratégie de mobilisation de ressources enclenchée par un pouvoir
plébiscité par 75% des citoyens, il y a un an. En guise de comparaison
: 200 millions à coté de 105 milliards que le régime annonce avoir
engloutir à travers une offensive diplomatique tous azimuts.
C’est
à se demander de quel coté se situe la crédibilité, entre un président
démocratiquement élu et un opposant sans statut dans son propre pays.
On peut également envisager une nouvelle offensive des coupeurs de
têtes décidés à faire le vide autour du Chef de l’Etat. Le processus
consiste à cogner les uns contre les autres de sorte qu’aucune espèce
de cohabitation ne soit jamais possible.
Un pays de moins de 6 millions d’habitants dont à peine le 10ème
est censé avoir reçu une éducation plus ou moins moyenne. Dans ce
résidu, les propagandistes essayent de distinguer de la mauvaise
graine. Un discours qui relance le classique antagonisme entre la
communication et la propagande. Vendre ses propres qualités plutôt que
de diaboliser le vis-à-vis malgré la perspective d’une nation en
construction qui a besoin de toutes ses forces.
Cela
se conçoit mal qu’un régime donne l’impression d’être aussi ébranlé par
de simples écrits de presse. Le Bénin n’a pas à rougir parce qu’il est
diffusé qu’il se doterait d’un arsenal militaire. La honte était de
voir l’ancien ministre de la justice prendre ses jambes au cou lors du
lancement des opérations du recensement administratif à vocation d’Etat
civil (RAVEC) dans une localité relevant du territoire national parce
que des rumeurs ont annoncé l’imminence d’une réaction militaire du
voisin burkinabé. On devrait remercier la presse étrangère de nous
aider à faire comprendre aux gens que nous nous préparons à assurer la
défense et la protection de nos terres.
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