"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

QUI A VU LES MIRACLES ?!?!

4 mars

Arimi CHOUBADE

Un docteur, banquier internationale succède à un vieux général fatigué, usé par deux décennies d'affilées au pouvoir. Un slogan de circonstance : « le changement ». On allait voir ce qu'on allait voir. Le jour même de l'investiture, une fois l'esplanade du Palais des Gouverneurs de Porto-novo livré au public, sitôt les adieux faits aux invités de marque, le tout nouveau chef de l'Etat s'envole pour le Nigeria. Codéveloppement, couple économique au sein de la Cedeao à l'image de France-Allemagne pour l'Union européenne, activation des échanges dans les domaines énergétique, commercial, scientifique, sécuritaire etc… Avec le recul on se demande si le voyage ne s'est pas borné à présenter le très élégant costume d'investiture au patriarche d'Abuja sur le départ. De tout le tralala annoncé presque rien au bout de deux ans.

Vient le tour de la grande révolution verte sur une fixation presque maladive sur le coton. 500 à 600 mille tonnes pour l'exercice 2006-2007, proclame le docteur-président qui se précipite dans les champs porteur d'un jackpot de 14 milliards. Personne n'osait contredire à l'époque l'ex-N°1 d'une banque sous régionale que l'on pensait spécialisée dans ces genres de question. N'était-elle pas à l'origine d'une plainte à l'Omc contre les subventions américaines et européennes au détriment des paysans maliens, tchadiens, burkinabé et béninois justement ? Deux saisons plus tard, les performances en coton du Bénin sont si minables qu'elles ont disparu des tablettes de propagande du régime.

Les Béninois ont également l'occasion de savourer les contours du sulfureux glissement sémantique autour des micros crédits. Du taux zéro au taux modéré en passant par le taux faible. Au final, une violation en série des règles sacrées de la bonne gouvernance. Distribution massive de deniers publics sans aucun contrôle parlementaire à des gens à insolvabilité garantie. Les décaissements sont fonction de la ferveur des applaudisseurs à l'occasion des nombreux meetings organisés autour de ce produit dont seule la présidence de la République maîtrise les contours en ce qui concerne le choix des structures désignées, les critères de sélection des bénéficiaires et les conditions de recouvrement.

Comment parler des prouesses du changement sans évoquer la lutte contre la corruption et la mauvaise gestion ? L'histoire des milliards recueillis de la filière de l'escorte de véhicule d'occasion, soustraits du trésor public pour être domiciliés dans un compte parallèle soumis à des décaissements discrétionnaires du chef de l'Etat donne un aperçu global de la situation. Le gouvernement a pourtant réussi à détecter des délinquants à col blanc qui curieusement continuent de meubler la compagnie de la Première Dame sur les écrans de télévision. Autre symbole de la lutte contre la corruption c'est le défi lancé au chef de l'Etat invité à un combat de coq (les yeux dans les yeux) sur les ondes d'une radio par quelqu'un considéré comme un ancien taulard, au sujet des fameuses villas de rêve qui sortent de terre dans le septentrion depuis quelques mois. Des chantiers qui ne subissent aucune perturbation malgré la pénurie de ciment.

Consolidation des acquis de la démocratie ? Reports d'élections, immixtion des religieux dans la gestion des affaires de l'Etat, violation des libertés publiques et individuelles, enrôlement de tous les responsables administratifs dans la famille politique du chef de l'Etat etc...

Des miracles…