Trois ministres promettent l'enfer aux Béninois
Trois ministres étaient le mercredi 9 juillet 2008 sur le plateau
de la chaîne nationale pour débattre de la cherté de la vie. Un débat au cours
duquel Grégoire Akofodji, Mana Lawani et Soumanou Moudjaïdou, loin d'apaiser
les inquiétudes des populations, n'ont prédit que des lendemains difficiles aux
Béninois.
Les Béninois ont de quoi perdre dorénavant le souffle. En tout cas, ceux qui
ont suivi hier les explications des ministres Akofodji, Lawani et de l'ancien
ministre et actuel conseiller technique au commerce du Chef de l'Etat,
Moudjaïdou doivent regretter d'avoir capté la chaîne nationale.
Tellement ils en ont entendu ! A présent, ils doivent se
demander quel sort l'avenir leur réserve. Des lendemains très difficiles, à en
croire les trois ministres car le bout du tunnel n'est pas pour demain.
Comme si le gouvernement n'en pouvait plus, ils ont préféré avouer leur échec.
L'essence coûte 823 f/l au Sénégal, 870 f en Guinée Bissau, 625 f au Mali etc.…Par conséquent,
l'argentier national annonce que chez nous, il est temps qu'on ajuste le prix à
au moins 600 f.
Il soutient par ailleurs que les produits pétroliers n'interviennent qu'à
hauteur de 5 % dans le panier de la ménagère contre 2 % pour le ciment et
31 % pour les produits alimentaires alors que les différentes primes accordées
depuis l'avènement du changement avoisinent déjà 40%. Et Moudjaïdou de
renchérir en faisant remarquer qu'on a augmenté déjà quatre fois les salaires
des travailleurs. La finalité, c'est qu'il faut que les Béninois se préparent à
affronter des situations plus difficiles, le gouvernement voulant enfin prendre
ses responsabilités. Il y a là forcément de quoi s'inquiéter car, même dans des
situations plus difficiles que celles actuelles, la réaction du gouvernement
devrait être autre : calmer les esprits au lieu d'affoler davantage les
populations déjà affligées. Le carburant coûte moins cher au Bénin par rapport
au Sénégal et la Côte
d'Ivoire certes, mais le pouvoir d'achat n'est pas le même. Dans la même
logique, les réalités ne sont pas les mêmes d'un pays à l'autre, le Bénin ayant
par exemple la chance d'être à côté du Nigeria. L'essence peut être à 1000 F/l
à la station. Le Béninois s'arrangera pour payer le «Kpayo», ce que l'Ivoirien
ou le Sénégalais ne pourra pas faire. Déjà, le Togolais s'arrange pour
s'approvisionner sur le marché noir béninois. Une solution que le gouvernement
togolais n'a jamais découragée.
Une fuite en avant
Le débat d'hier aurait pu avoir un intérêt si les membres du
gouvernement s'étant évertués à nous dire quelles sont les dispositions prises
pour que le maïs, la tomate, le piment, le gari, le haricot, le riz, pour ne
citer que ces produits, existent désormais à bon prix. C'est ce combat qui aura
de la valeur, car, c'est ahurissant que la tomate consommée au Bénin
vienne du Burkina et que ce soit la
Libye qui nous donne du gari. Quand le Béninois apprend qu'il
n'est pas au bout de ses peines de la bouche de ceux qui doivent le rassurer et
à qui il a confié sa destinée, c'est comme si l'Etat a démissionné. Que le chef
de l'Etat et le dernier mendiant aillent chez le même boucher acheter de la
viande, cela n'a aucun sens. Ce qui, par contre a un sens, c'est qu'au moment
même où le mendiant n'a plus la possibilité d'aller acheter de la viande, le
train de vie de l'Etat ne cesse de croître de façon inquiétante. Les ministres
ont parcouru toutes les localités sans réussir à venir à bout de l'inflation.
Les populations dans la détresse ne savent plus à quel saint se vouer. Et voilà
que le gouvernement jette le masque et avoue son impuissance. Une sortie dont
on aurait pu nous dispenser.