"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Comme au Zimbabwé

A la Zanu-Pf

mercredi 11 juin 2008

Arimi CHOUBADE

Rédigé le 11 juin 2008

 

Il n’arrivera à l’idée de personne d’accuser les limiers de la marina de ne pas observer ce qui se passe autour d’eux. En minorité au sein de l’opinion publique, au parlement et dans les municipalités, le régime Yayi sait qu’un maintien au trône ne peut passer que par des expédients peu conventionnels. Or, les exemples de confiscation de pouvoir et de prolongation opportuniste de règne se font rares lorsqu’on s’en tient à l’histoire politique nationale. Même le militaro marxiste gouvernement de l’époque révolutionnaire n’a pu éviter la déroute ayant conduit à l’organisation de la Conférence nationale de février 90.

Se pose alors aux émergents, la nécessité d’opérer des dosages subtiles (ou grossiers) de tout ce qui a de démocracide sur le continent. Objectif : garder le pouvoir à tout prix à travers des apports diversifiés. Un coup du Kenya (le conflit clanique et ethnique), un coup de Côte d’Ivoire (les patriotes ou les escadrons de la violence), un coup du Zimbabwe (contestation des résultats par le parti au pouvoir, contrôle de la rue par des miliciens déguisés, complaisance des forces de l’ordre, dérobade du gouvernement). Une méthode par situation spécifique.

L’Etat de fait qui couve sous nos yeux ne donne droit à aucune confusion dans les esprits. L’Etat-Fcbe existe bel et bien, qui comprend 14 communes où les populations n’ont eu droit qu’à une liste unique présidentielle imposée au besoin par la violence et l’épuration ethnique ; 32 autres dans lesquelles tout a été fait (enlèvement de conseillers élus, achat de procurations, intimidations, menaces) y compris à l’aide des forces de sécurité publique pour imposer un conseil municipal contrôlé par Fcbe ; et les autres communes qui relèvent de la République du Bénin avec des conseils municipaux installés sur la base des lois et règlements.

Le comportement de policiers, gendarmes et militaires dans le processus de pourrissement est un indicateur déterminant pour la suite des événements. Comme dans le Zimbabwe des anciens combattants investis de tous les passe-droits, la légalité appartient désormais aux insurgés d’Avrankou, de Malanville, de Zè, d’Abomey-Calavi, de Kétou… Eux bénéficient de la protection et de l’encadrement des détachements de forces de l’ordre si le cœur leur en dit d’être présentes. Les assassinats politiques (les deux candidats Madep retrouvés mort à Kétou), le vandalisme, l’imposture, l’incivisme sont rassurés qu’ils n’existent pas d’adversaire de taille pour les réprimer.

Si les rapports de force restent en l’état et que la puissance publique se maintient dans la même posture d’aplatissement devant les supplétifs du régime, rien n’empêcheraient que Houngbédji, Léhady, Sèhouéto et autres concurrents probables de Yayi Boni ne subissent en 2011 la logique implacable imposée à Tsvangirai à travers les interdictions de meetings et de rassemblements. Le cynisme du conseil des ministres du 05 juin 2008 achève d’ôter tout doute sur les points de similitude entre les systèmes Mugabe et Yayi. Cette trouvaille de création d’un comité interministériel chargé d’arrondir les angles et de sauver la face ne trompe point. À un problème de délinquance, d’outrage à l’autorité et de menace à la paix sociale, l’imposture oppose une solution dite politique.

A vous de jugez !

 



11/06/2008
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