Economia
La hausse générale des prix qui écrase le pouvoir d’achat déjà
atone des populations les plus fragiles, est un phénomène structurel. Elle tire
sa vigueur principalement de trois facteurs : la situation économique
mondiale dépressive, la fin programmée de l’ère du pétrole et l’adversité du
climat.
Voilà pourquoi, les remèdes cosmétiques habituels de nature conjoncturelle sont
inefficaces et non recommandables. D’ailleurs, le gouvernement béninois l’a
compris : on ne résout pas une crise de l’offre par rapport à la demande à
coups de subventions.
La sortie de crise passe nécessairement par une hausse de l’offre domestique
notamment des cultures vivrières. Comment y parvenir ? Telle est l’objet
de cette correspondance.
La crise alimentaire et son cortège de hausse des prix des denrées
de premières nécessités, est avant tout une crise de l’offre par rapport à la
demande, exacerbée par la flambée du prix du pétrole. Elle révèle, une fois
encore, l’extrême vulnérabilité des pays africains, dont le Bénin. Elle peut
s’avérer salutaire pour ces pays là, à condition qu’ils prennent la mesure de
l’ampleur de leurs dépendances alimentaires et y remédier une fois pour toute.
Ceci passe par la mise en place d’une politique agricole ambitieuse tournée
vers l’intensification des cultures vivrières. Une telle politique doit sortir
des chemins battus et tourner résolument le dos à la longue litanie des bonnes
intentions toujours récitées mais jamais appliquées.
Elle peut s’appuyer raisonnablement sur les cinq axes que voici :
1. favoriser l’augmentation des surfaces cultivables ;
2. favoriser la hausse de la productivité des cultures vivrières ;
3. développer un dispositif de financement agricole ;
4. développer des mesures d’accompagnement et ;
5. favoriser l’émergence d’une industrie agro-alimentaire.
La politique gouvernementale en faveur de l’accroissement des
surfaces cultivables peut s’appuyer sur deux points. Le premier est la mise en
œuvre d’une véritable " politique de développement du fermage " avec
des mesures incitatives et un cadre juridique adéquat.
Le second consiste au développement d’un programme devant conduire l’Etat à
redistribuer certains domaines relevant de son autorité à des exploitants
agricoles. L’objectif de cette politique revient à accroître les surfaces
cultivables pour augmenter la production nationale.
Pour favoriser l’accroissement de la productivité des cultures
vivrières, le gouvernement peut s’appuyer sur trois points. Le premier consiste
à fournir une assistance technique aux agriculteurs à travers une
réorganisation du monde rural. Le deuxième consiste à favoriser la mécanisation
de l’agriculture nationale grâce à une " politique novatrice de leasing
d’engins agricoles ". Le troisième point vise à favoriser l’accès aux
intrants (semences, pesticides, engrais, …) aux agriculteurs.
L’ensemble de ces mesures devraient conduire à l’intensification des systèmes
de cultures, permettant de maximiser la rentabilité agricole.
Le troisième axe de la politique de relance agricole, consiste à la
mise en place par l’Etat béninois, d’une véritable politique de financement
agricole. Cette politique peut s’appuyer sur trois mesures. La première est
l’instauration d’un " système de micro crédit solidaire " entre agriculteurs.
La deuxième concerne l’instauration d’un " code des investissements
agricoles " pour promouvoir les investissements nationaux et étrangers
dans le secteur agropastoral et rural.
La troisième mesure de ce programme, relève des dispositions à prendre par le
gouvernement en vue de favoriser l’émergence des " fonds agricoles "
au Bénin. Cette politique devrait permettre d’assurer le financement de la
nouvelle politique agricole béninoise.
Le quatrième axe de la politique de relance agricole, consiste à
développer des mesures d’accompagnement en direction du monde agricole.
Dans ce cadre, l’Etat doit être sensible à la problématique de désenclavement
du monde rural en développant des infrastructures routières et de communication
afin de permettre l’évacuation de la production.
Il doit également contribuer à la mise en place d’une nouvelle organisation
rurale indispensable dans le cadre de cette politique de relance.
Enfin, le cinquième axe de la politique agricole relève des
dispositions à prendre par l’Etat en vue de permettre l’émergence d’une
véritable industrie agro-alimentaire.
En effet, cette industrie permet la transformation des produits agricoles. Elle
crée de la valeur ajoutée, des emplois et contribue par ailleurs à réduire la
dépendance de l’économie nationale face aux fluctuations des termes de
l’échange.
La mise en place de la politique de relance des cultures vivrières
doit favoriser : l’accroissement de l’offre de produits agricoles, la
hausse des revenus des agriculteurs et l’accès à l’autosuffisance alimentaire.
La sécurité alimentaire doit être la priorité des priorités du gouvernement.
Vendredi prochain, j’aborderai la question du financement de
certaines mesures figurant dans cette politique de relance.
Edgard VODOUHE
Professeur de Finance, Université Paris 12
Spécialiste de la gestion alternative
Risk Manager, Luxembourg
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