"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Commémoration des indépendances

Une perte de sous et de temps ?

 

«Le Bénin est un pays indépendant». Cette expression, dans un exercice comme expiatoire, est souvent revenue, lors de la visite récente du Président béninois en France. Faut-il hurler de rire ou pleurer de honte ? Le vrai indépendant ne crie pas son «indépendantitude», tout comme «le tigre ne crie pas sa tigritude». Comme quoi, en bon indépendant, on n'a pas besoin de crier son indépendance. Et puis quel «bâtard de bâtardise d'indépendance», pour dévaliser le succulent roman d'Amadou Kourouma, Le soleil des indépendances ! La peinture burlesque que ce romancier avait consacrée à la pluie des indépendances en Afrique garde à beaucoup d'endroits, sa fraîcheur sous le soleil de nos démocraties nickelées, piégées et aseptisées, qui s'est levé depuis le fameux sommet de la Baule sous le défunt François Mitterrand et qui a continué sous «Chirac, l'Africain».
Et puis, vous avez dit indépendance ? De quelle indépendance peut se prévaloir un pays africain ayant comme monnaie le Cfa dont la parité est garantie par la France ? Une parité garantie qui plane comme un épée de Damoclès sur son économie, comme au mauvais vieux temps des Colonies françaises d'Afrique (Cfa). Sans compter le couperet d'une dévaluation qui hante le sommeil de bien des dirigeants africains francophones ? Les petites sauces «chinoises», les frêles esquifs libanais ou indiens ne sont juste que de petits sauts de cabri relevant toujours de la logique des sébiles tendues, dans un environnement entrepreneurial dominé par les capitaines d'industries françaises. Le 1er août prochain, le Bénin commémorera 47 ans d'indépendance à Abomey, une ville qui a résisté à l'envahisseur par son vaillant fils nommé Gbèhanzin ! Y a-t-il encore en Afrique des âmes pour simplement dire NON à "l'ancien" colonisateur qui a désormais droit de vie et de mort sur nous ? On ne saurait parler d'indépendance mais de dépendance et d'errance. Une perte de sous et de temps que les Etats Africains continuent à célébrer pompeusement dans une atmosphère de pauvreté générale. Pourquoi ne faut-il pas supprimer les commémorations d'indépendance ? Parce que nous n'avons plus au pouvoir en Afrique des Chefs d'Etat audacieux et qui osent tordre le cou à la tradition et au cours de l'histoire. Quel est réellement le poids de nos «souverainetés» lorsque, comme dans la crise ivoirienne, les chefs d'Etat africains usèrent leurs mocassins à Marcoussis (France) en quête d'une solution pour ramener la paix entre leurs «frères» du pays de la lagune d'Ebrié ? Quand certains pays africains accueillent sur leur sol des bases militaires stratégiques pour la France ? Le poids d'un duvet, sans doute.
Parlons de nous, de nos relations avec nous-mêmes et entre nous-mêmes. Que contient de bien substantiel une indépendance qui soumet les populations aux feux nourris de coupures intempestives d'électricité et de l'eau, quarante-sept ans après l'accession à la souveraineté internationale ? Qui réussit la prouesse de réduire sa jeunesse en une horde de candidats au suicide, dans des affrontements têtus de l'immensité liquide pour aller en quête d'un prétendu nirvana européen ? Que vaut une indépendance quand on n'est même pas capable de fixer soi-même le prix de son coton, de ses arachides, de son café ou de son cacao ? Vous avez dit indépendance ? Palsambleu !



regardsurlebenin@gmail.com -
http://www.regard-benin.blogspot.com

 



02/08/2007
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