REPUBLIQUE DU BENIN Cotonou,
le 1er avril 2008
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HAUTE AUTORITE
DE L’AUDIOVISUEL
ET DE LA COMMUNICATION
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N°011-08/HAAC/PT/CONS/SGA/SA
COMMUNIQUE
DE PRESSE DE LA Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC)
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Le lundi 31 mars 2008, une délégation du Ministère en charge de la Communication,
conduite par le Directeur de Cabinet, Monsieur René BEWA, appuyé par un détachement
des forces de l’ordre de Sèmè Podji et de Porto-Novo, a fait irruption dans les
locaux de la nouvelle station "Espérance
FM EKPE" de l’ONG VOLDEB à EKPE, Commune de Sème Podji et a procédé à
la mise hors tension et sous scellé du matériel d’émissions de la radio.
Intervenant par la suite sur les écrans de la télévision nationale, le Ministre
chargé de la
Communication, M. Désiré ADADJA, a justifié cet acte par
le fait que la radio n’avait pas le droit d’émettre, la Décision de la Haute Autorité de
l’Audiovisuel et de la
Communication (HAAC) n°08-011
portant agrément de projet pour l’usage de fréquences et de canaux en vue de
l’installation et de l’exploitation de radiodiffusions sonores et de télévisions privées ayant
été attaquée devant la Cour Constitutionnelle. Selon
le Ministre, l’attitude du gouvernement se justifierait par la volonté de
l’Exécutif d’empêcher l’installation de promoteurs de radiodiffusions et de
télévisions privées, qui n’ont aucun droit d’émettre. La Cour Constitutionnelle ayant
déclaré non conforme à la
Constitution la
Décision n°08-008-HAAC du 30 janvier
2008 portant attribution de fréquences aux promoteurs retenus sur concours pour
l’installation et l’exploitation de radiodiffusions sonores et de télévisions
privées.
Le Ministre a également indiqué que les préfets ont été instruits
aux fins d’empêcher sur toute l’étendue du territoire national l’installation
de quelque nouveau promoteur que ce soit.
La Haute Autorité de
l’Audiovisuel et de la
Communication (HAAC) s’indigne de cette tendance à la
brutalité et de cette volonté affichée de fouler aux pieds les principes de
séparation des pouvoirs. En effet, quelles que puissent être les motivations
qui sous-tendent son action, le Gouvernement
n’a aucun droit de faire irruption dans les locaux d’un organe de presse,
soit-il à l’étape de projet ou encore non autorisé ou pirate. Seule la HAAC dispose des prérogatives
constitutionnelles d’autoriser ou d’empêcher l’émission de stations privées de
radiodiffusions sonores ou de télévisions. Et en cas de stations non
autorisées, seule la HAAC peut
décider ou non de leur démantèlement.
La détermination du Gouvernement à empêcher la HAAC de remplir pleinement sa
mission constitutionnelle et à la ridiculiser n’est pas digne d’un Etat démocratique
comme le Bénin. La tendance à user de forcing, de violences verbales et
d’attaques frontales pour justifier souvent l’injustifiable dénote en effet
d’un refus de jouer le jeu démocratique. C’est ainsi que s’explique
l’opposition sourde affichée par les Gouvernements successifs de clarifier
l’horizon des fréquences au Bénin depuis la promulgation de la Loi 97-010 du 20 août 1997 portant
Libéralisation de l’espace audiovisuel et dispositions pénales spéciales
relatives aux délits en matière de presse et de communication audiovisuelle en
République du Bénin. C’est ainsi que s’explique également leur choix délibéré
d’user de méthodes dilatoires pour empêcher la HAAC d’avoir les moyens de son
autorité. Car si la constitution a cru devoir créer et institutionnaliser la HAAC, c’est justement pour empêcher
le gouvernement de régenter seul la vie médiatique nationale. En se décidant à
démanteler des projets de radiodiffusions sonores et de télévisions privées sur
fond de menaces, sans attendre même la décision de la Cour Constitutionnelle, le
Gouvernement lève ainsi un coin de voile sur sa conception du principe de la
séparation des pouvoirs et de la gouvernance concertée pourtant prônée par le
Président de la
République.
La HAAC
désavoue ces actes d’une autre époque, d’ailleurs jamais vécus au Bénin, même
aux temps forts du monolithisme, et prend le peuple béninois ainsi que tous les
démocrates à témoin afin que chacun
puisse assumer demain ses responsabilités devant l’histoire.
Le souci de la HAAC en agréant de nouveaux projets répond aux
nombreuses demandes et attentes des populations de voir l’instance de
régulation favoriser l’expression plurielle de courants de pensée et
d’opinion.
La Haute Autorité de
l’Audiovisuel et de la
Communication (HAAC) n’a jamais fléchi et ne fléchira pas
devant la mission à lui confier par le constituant malgré la modicité des
moyens mis à sa disposition et les actes d’intimidation et de diabolisation à
son égard.
Elle continuera à se battre pour que force reste à la loi aux
acquis de la
Conférence Nationale, notamment en matière de la
liberté de la presse.
Fait à
Cotonou, le 1er Avril 2008