"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Conseil des ministres à Porto-Novo :

Un spectacle inopportun !

 

21 sept. 2007Les journaux béninois se passionnent parfois pour un rien du tout pour le chef de l’Etat béninois. C’est un secret de Polichinelle. Et depuis jeudi, tous rivalisent d’ardeur pour saluer le conseil des ministres tenu la veille par le gouvernement de Yayi Boni à Porto-Novo. Un simple conseil des ministres dans la capitale, cela semble a priori bien normal. Ce qui en revanche n’est pas normal, c’est que les journalistes déontologiquement sensés de prendre du recul pour analyser «objectivement» les tenants et les aboutissants d’un tel choix, se sont trop facilement laissés bernés par des manœuvres politiciennes. Jamais auparavant un conseil des ministres n’avait suscité autant d’intérêts médiatiques. Mais ce conseil des ministres n’est ni plus ni moins que de l’exhibition. Il est grossier, inopportun et les populations devraient en principe battre le macadam pour signifier à Yayi Boni qu’elles ne sont pas dupes. Le Président de la République passe de plus en plus maître dans l’art du tapage et même si les populations continuent de lui faire confiance, elles commencent à s’impatienter en coulisse. Très friand de bain de foule, il ne rate aucune occasion pour se faire plaisir. Des marches de soutien ronflantes par-ci, des sorties protocolaires par-là, etc. Yayi Boni ne cesse d’innover dans sa stratégie de propagande. En organisant son premier conseil des ministres de la rentrée à Porto-Novo, Yayi Boni voulait faire la une des médias et montrer qu’il fait une rentrée tonitruante avec des objectifs de développement «bien définis». Il aura «réussi son pari» comme le disent les journaux béninois mais il aura également montré qu’il s’accroche aux épiphénomènes et aux accessoires au lieu de s’attacher à tenir les promesses mirobolantes qu’il a faites aux Béninois. Président attrape-tout, il préside, insuffle, explique, décide, inspire parfois même quand il n’a pas tous ses esprits en place. Toujours en première ligne. On l’a même déjà vu en train de contrôler les entrées et les sorties des fonctionnaires dans les ministères. Doit-on déjà croire qu’on s’est fait bercer par l’ancien banquier ou doit-on continuer à patienter indéfiniment le ventre creux comme nous le recommandent sans cesse les griots du pouvoir ? Président par défaut, il a fait avaler aux vétérans de la politique béninoise, un cuisant aveu d’échec et de manque de vision pour le pays. Mais doit-on jeter l’opprobre sur des millions de Béninois qui les ont sanctionnés en faisant trop rapidement confiance à un banquier venu de nulle part et qui leur a fait miroiter monts et merveilles comme jamais on ne le leur avait fait auparavant ? Aujourd’hui, ces Béninois souffrent. La vie coûte de plus en chère alors que le pouvoir d’achat stagne. Ils sont mal-logés ou pas logés. Ils ont les pieds dans l’eau. Ils chôment. Ils mangent mal. Ils sont mal soignés et peuvent mourir, la bouche ouverte avec leur ordonnance en guise de bavoir. Les universités sont devenues des lieux d’échec de vie. Les années académiques se succèdent dans le primaire et le secondaire avec leurs lots d’échecs scolaires catastrophiques. Le système D se généralise. L’insécurité fait un bond inégalé. La lutte contre la corruption qu’il prône n’est que du vent. L’impunité prend de plus en plus une proportion jamais observée dans le pays. Le Bénin sous Yayi Boni est finalement, un pays à la dérive. Mais s’agit-il vraiment de la faute à Yayi Boni ? En Yayidésie, certains ne se gênent pas pour faire comprendre à qui veut les entendre que le Président a hérité d’un pays exsangue et qu’il n’est pas facile de normaliser les choses en un temps record. Ils demandent du temps, encore du temps et toujours du temps. Du temps jusqu’aux nouvelles élections, du temps pour expliquer aux Béninois que le Président est porteur d’une «vision» (sic) qu’il ne peut réaliser en seulement cinq ans. Mais avec cette «palme d’or» remportée auprès des médias béninois pour ce premier conseil des ministres historique tenu dans la capitale qui n’a de «capitale» que de nom, il est désormais évident que Yayi Boni est en campagne électorale permanente pour 2011 et rien ni personne ne peut pour l’instant lui résister.



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22/09/2007
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