"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Coup d'Etat émergent

Le mini putsch

vendredi 6 juin 2008

Arimi CHOUBADE

Rédigé le 06 juin 2008

 

L’armée Fcbe sur ces territoires. Impériale, imperturbable, sereine. Malaville, Calavi, Dangbo, Avrankou, Materi, Tanguiéta, Djakotomey etc… Des bantoustans dirigés par des groupes non reconnus par les lois de la République, et qui décident finalement de quel conseil municipal mérite d’être installé et de quel autre ne le mérite pas. Préfets, commissaires de police, officiers de l’armée et de la gendarmerie soumis, préfèrent garder les yeux rivés sur leurs propres galons que sur des misères faites à des conseillers municipaux désormais sans siège malgré le mandat reçu auprès de leurs concitoyens les 20 avril et 1er mai 2008.

Un coup de force sans panache, brutal, vulgaire, violent, à la limite de la bestialité. L’image de la célébration médiatique de la mort de la légalité au profit de rapports de force fondés sur l’incivisme, l’insurrection, le folklore et la vénalité choque les Béninois. Des ministres, députés, conseillers à la présidence et commis de l’Etat se satisfont chaque soir en contemplant sur leurs écrans de télévision le lamentable spectacle de leurs propres frères de village complètement défigurés par de longues séances de beuverie, défiant l’autorité et les lois, dans une insouciance exceptionnelle.

La thèse du mouvement spontané et imprévu a du mal à s’insérer dans un raisonnement logique. L’armée Fcbe a bel et bien levé son contingent sous les yeux de tous avec un entraînement soutenu à travers les marches de soutien soigneusement encadrées, tel des régiments d’embrigadement et de conditionnement. Afin d’éviter toute perturbation du processus de maturation des troupes, le préfet de l’Atacora-Donga, Jonathan Tawema ne s’est pas fait prier pour interdire toute autre manifestation contraire « hostile au gouvernement » sur son territoire de compétence. On se souvient du zèle avec lequel le préfet du Borgou-Alibori a cherché à mettre des bretelles de sûreté au truculent Rachidi Gbadamassi sur fond d’invectives et de menaces, au mépris même de l’immunité parlementaire de la cible visée.

Aucun Béninois ne se méprend sur l’identité du chef suprême de l’armée Fcbe. Il ne tient qu’à lui de claquer le doigt pour que la meute se calme. On voit mal les machettes rangées même après que la Cour suprême ait vidé le contentieux électoral. Ceux qui ont fait sortir les Zangbéto, les barrages, les machettes et les coupe-coupe n’ont sollicité la permission d’aucune institution de la République du Bénin vis-à-vis duquel ils demeurent en totale rupture au profit de l’Etat-Fcbe et de son chef éclairé docteur-président-plus-que-Dieu.

Les pauvres hères manipulés sont incapables de faire la différence entre la proclamation de la Cena et les recours tranchés par la Cour suprême. Or les préfets ont opté pour la lâcheté qui consiste à se défiler à la vue du moindre brin de raphia de Zangbéto ou d’une simple lame de machette bien qu’ils disposent de la puissance publique. Seul le général en chef peut siffler la fin des exercices. Seulement, l’état-major est conscient qu’une troupe sans exercice est vouée à l’inefficacité. Les défoulements autour de l’installation des conseils municipaux « hostiles » participent à ce souci de simulation en vue de l’ultime bataille, celle du rempilage. Les résultats proclamés par Todjinou ont juste servi de rampe de lancement à l’aguerrissement de la troupe. Parce qu’il y a un ultime dessein à accomplir. C’est écrit :

« Jamais un second tour à la prochaine présidentielle ».

 



06/06/2008
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