"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Crise alimentaire mondiale djan!

 Fourbes d’Afrique

vendredi 16 mai 2008

Arimi CHOUBADE

Rédigé le 16 mai 2008

 

Mondiale ou africaine, la crise alimentaire ? En tout cas elle est plus massive et généralisée au sud du Sahara avec une palme spéciale pour les francophones que partout ailleurs. Même la gigantesque Chine trouve pitance à son milliard et demie d’âmes. Le Bénin, le Cameroun, le Mali, le Burkina Faso et associés du cercle des éternels assistés continuent de scruter l’horizon, dans l’attente d’un parachutage providentiel du maïs américain, des tomates italiens, des bananes brésiliens, du riz japonais ou pakistanais.

Il a fallu que des travailleurs défilent le ventre aplati par la disette dans les rues de Dakar et de Thiès pour que Wade se souvienne que l’Etat sénégalais est capable de mobiliser plus de 344 milliards f Cfa à travers un projet pharaonique en un quart de tour. Schéma quasi identique à Bamako. Que dire de la procession de la délégation présidentielle béninoise sur la Vallée du Niger et de la cinquantaine de milliards engloutis dans la subvention de vivres importés ?

La baisse du dollar, les records du prix du baril de pétrole qui se suivent, l’écroulement des marchés, l’instabilité politique qui se prolonge en Irak, les tensions sur le nucléaire iranien. Le monde économique est enrhumé. C’est certain. Mais cela n’équivaut pas pour autant à des scènes de rationnement alimentaire à Paris, Tokyo, New York, à Johannesburg à l’image de l’alignement des ventres creux à la place de l’Etoile Rouge de Cotonou. Dans ces contrées, diriger ne se limite pas aux honneurs, aux prébendes et aux passe-droits.

La vérité, c’est que l’apport considérable de l’extérieur dans la satisfaction des besoins alimentaires sous nos cieux subit de plein fouet les effets de la crise. Le Bénin ne souffre pas de la rareté de la production interne habituelle. Il n’a connu ni de tremblement de terre ni de sécheresse ni guerre civile. C’est l’appui extérieur qui est désormais hors de prix. Les nôtres se sont toujours crus à l’abri de la catastrophe. Comptant sur le surplus récolté dans les étables à travers les campagnes d’occident une fois le bétail et les chevaux repus. Des années que le riz japonais à vil prix a été érigé en religion dans l’administration publique béninoise. Peu de fonctionnaires peuvent s’en passer sans que leurs cuisines n’en subissent les contrecoups.

C’est connu que l’agitation actuelle s’estompera dès que les autres auraient réglé leurs problèmes conjoncturels et seraient en mesure de nous expédier quelques céréales d’expérimentation ou destiné à la nourriture d’élevage. « Goana » et autres illuminations révolutionnaires disparaîtront comme elles sont apparues. Entre les bourrages d’urnes, la traque d’opposant, les tripatouillages de constitution, les voyages d’agrément aux frais de la princesse il ne reste plus de temps pour les patriarches africains de songer à la valorisation du potentiel agricole.

Voilà des décennies que tous les rédacteurs de programme de campagne électorale sans exception s’exercent à recopier systématiquement toutes les théories sur la mécanisation de l’agriculture. Une question : une mécanisation pour qui et pour quelle agriculture ? Lorsqu’on voit l’état d’indigence des producteurs qui fonctionnent encore sous un mode esclavagiste basé sur l’exploitation de l’homme par l’homme et l’absence de toute réglementation et de socialisation de l’activité de production dans un Etat moderne. Encore une fois ceux qui détiennent la solution sont tenus en marge du débat. Pendant que les jouisseurs font monter les enchères.

Ainsi va le sort réservé à nos estomacs.



16/05/2008
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