"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Pour la deuxième fois en un an, l’actuel président de la République, Boni Yayi et son gouvernement a soumis à rude épreuve l’autonomie de la Commission électorale nationale autonome (Cena) et à travers elle, les fondements de l’organisation des élections en République du Bénin.

L’organisation pratique des élections en République du Bénin est depuis un an rudement éprouvée par le régime du changement. Tout a commencé en 2007 par l’organisation des élections législatives avec entre autres, l’historique destitution du président de la Commission électorale nationale autonome (Cena), l’immixtion du ministère des Finances et de l’Economie dans la passation des commandes  notamment celle d’impression des bulletins de vote et le transport des matériels électoraux par des unités des Forces armées béninoises (Fab), les bataillons de train et du matériel. Ces mesures et dispositions prises par le gouvernement ont été imposées à la Cena en dépit de son autonomie et de l’opposition de la majorité de ses membres. Le scénario est pire en 2008 maintenant avec l’organisation des élections communales, municipales et locales. Après avoir tenté plusieurs fois par le biais de ses représentants à la Cena, la remise en cause du bureau élu, le gouvernement a fini par l’option de créer des difficultés financières à l’organe chargé de la préparation et de l’organisation pratique du scrutin. Ainsi, il a fallu une mission de bons offices de l’Organisation internationale de la francophonie (Oif) et de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao)  pour tenter d’aplanir les divergences entre la Cena et le ministre des Finances au sujet du mode opératoire de l’exécution des dépenses électorales. Et pourtant, sous le fallacieux argument de ce que l’autonomie de la Cena ne saurait s’opposer à ses services, le ministre des Finances a attendu pratiquement la veille du scrutin pour mettre à la disposition de la Cena les fonds indispensables à la commande des bulletins de vote et autres matériels sensibles sans lesquels le scrutin n’aurait pas pu se dérouler dans  les conditions requises de transparence. Conséquence, les unités spécialisées de l’armée  sollicitées pour le transport des matériels sensibles sont aujourd’hui accusées à tort de n’avoir pas procéder à temps à al mise en place desdits matériels. Ce qui paraît malsain dans le comportement du gouvernement est qu’il se sert désormais de ces difficultés qu’il a lui-même créées et entretenues pour justifier sa volonté de faire revenir dans les liens du ministère de l’Intérieur, l’organisation des élections en République du Bénin. Un recul contre lequel, il semble urgent de mobiliser dès à présent toutes les forces vives de la Nation notamment les forces politiques qui doivent envisager de quitter leur statut de clubs électoraux pour celui de véritables partis politiques qui se donnent les moyens de contrôler la régularité des scrutins sans être forcément au cœur de la Cena.

Ludovic D. Guédénon