Des sourds dialoguent sur l’école…
27 septembre, par Arimi CHOUBADE dans le NOKOUE
Campagnes
croisées autour de la rentrée 2007-2008. Le gouvernement en quête de soutien
populaire ; les syndicats à la recherche d’une légitimité non moins
populaires pour leurs revendications diverses. A entendre chaque camp, on se
doute bien que les gens n’ont pas le temps de s’écouter. Jamais la mauvaise
volonté n’a été autant partagée de part et d’autre. Tous se préparent à la
déflagration générale.
Comportement
bizarre de deux entités pourtant sous contrat synallagmatique. Employés et
employeurs n’ont rien trouvé de mieux que de gâcher les dernières forces qui
leur restent dans le choc frontal. Le gouvernement censé être à court de
ressources en trouve cependant pour entretenir de coûteuses tournées de
plusieurs ministres à l’intérieur du pays à la recherche du soutien des
« larges masses laborieuses de nos villes et de nos campagnes ». Les
enseignants réputés êtres les plus pauvres du fonctionnariat arrivent quant à
eux à opposer une campagne médiatique bruyante, toutes proportions gardées.
Un jeu
de kamikaze d’un côté comme de l’autre. Le sens même de la campagne tous
azimuts défie le bon sens. Avec un cas aggravant pour le pouvoir qui dispose de
la prérogative de conduire la politique de la nation y compris l’éducation
nationale. C’est lui qui détermine les priorités. Il n’est arrivé à l’idée de
personne de faire des consultations populaires lors de l’apurement par l’Etat
de dettes dues aux cotonculteurs par des opérateurs privés. De la même manière
que les « masses laborieuses de nos villes et de nos campagnes » ont
été tenues à l’écart lorsque que le gouvernement a décidé d’engloutir une
centaine de milliards en 8 mois dans les voyages du chef de l’Etat à
l’étranger.
On
sait que le salaire d’un ministre peut payer 50 enseignants. Et qu’une tournée
de deux jours du même ministre peut servir à en payer le double voir le triple.
Alors qu’ils sont plusieurs à se lancer sur les quelques macadams du pays pour
près de deux semaines jusqu’à la rentrée incertaine. Alors qu’il est question
de payer ses dettes vis-à-vis d’employés considérés comme les plus malmenés.
Edifiant la bagatelle engloutie dans l’éducation par le pouvoir. Même si les
cabinets des ministres, les directions centrales, et autres missions
administratives vampirisent plus de la moitié de ce pactole laissant les
miettes aux principaux concernés (enseignants, élèves et étudiants).
Du
contrat de travail qui lie l’Etat employeur aux enseignants employés, plus
personne n’en parle. Seule compte pour le moment, la croisade contre l’école.
Syndicats et gouvernement savent pourtant que la rue ne peut rien ni pour les
uns ni pour l’autre. L’employeur reconnaît et paie ses dettes. L’employé
négocie un échéancier acceptable avec la garantie de ne pas subir à nouveau des
entourloupes et des fausses promesses. L’enjeu de l’exercice n’est pas de
savoir de quel côté penche la raison ou le tort. Puisqu’en définitive c’est
l’école qui sombre chaque jour un peu plus.
Pour
une fois, je préfère de me départir de la froideur habituelle du chroniqueur
pour souscrire au pathétisme de la situation en plaidant pour la recherche
d’une solution négociée sans hypocrisie et langue de bois.
L’enjeu
est national !
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