On ne marche que pour Yayi
4 octobre, par Arimi CHOUBADE
Tous les espaces pour le Yayisme. Ce n’est plus assez de
bouter progressivement tout insoumis hors des postes de commandement de l’administration,
des institutions et même des plateaux de médias. Personne ne doit plus occuper
le moindre espace, surtout les rues, sans montrer patte blanche. Impossible
d’imaginer, dans un Bénin émergent, la moindre manifestation publique non
estampillée changement. Le maire de Cotonou est en train de s’en rendre compte
à ses dépens. Lui qui a osé se faire vedette de deux processions interminables
successives des femmes des marchés puis des zémidjans et taximen, dans les rues
de Cotonou en deux semaines. L’audace de trop.
Les amateurs de dérision rigolent chaque matin de tous les
noms d’oiseau dont on affuble l’ancien président de
Les inquiétudes exprimées dans les rues de Cotonou par des
femmes des marchés suivies quelques jours plus tard des zémidjans ne seraient
qu’un grotesque montage payé à prix d’or. En définitive, Soglo qui dispose au
sein du conseil municipal de plus d’une trentaine d’élus sur 45 ne pouvait
s’offrir des bains de foule de l’ampleur de ceux qui rendent dingues les
gardiens autoproclamés du temple par excellence du changement : les rues.
Les députés sous procurations peuvent marcher. Les riches
ministres dont les émoluments ont été triplés, les maires vendeurs de parcelles
peuvent marcher. Le chef de l’Etat peut marcher pour se soutenir lui-même. Du
patriotisme tout cela tant qu’aucun autre objectif ne vient faire ombrage au
yayisme. Que des jeunes mineurs soient abusés et exposés sous la pluie, que des
femmes soient appâtées par une opportuniste opération de micro crédit, qu’on
promette de l’emploi à des déscolarisés dans le seul dessein de mobiliser du
monde pour une marche de soutien au gouvernement : du patriotisme. A peine
si quelques larmes sont versées sur les dégâts collatéraux des bruyantes
randonnées de nos princes à l’instar de la bavure de Ouidah (deux tués) ou de
la fillette écrasée par un cortège du président de l’Assemblée nationale à
Comè. Du patriotisme.
Une bonne nouvelle cependant pour les aficionados de Soglo.
Les productions de médias révèlent que cette fois-ci, les Soglo dépensent et
arrosent les marcheurs d’espèces sonnantes et trébuchantes. Eux qui ont
toujours perdu des voix pour essoufflement d’ordre financier semblent enfin
capables de se défendre, armes à la main.
Seul petit coin d’ombre au tableau, c’est la persistance
d’une belligérance virtuelle entre Yayi Boni et Soglo, nourrie et entretenue
par ceux que tout le monde connaît. Une revanche dans l’air. Ce qui donne une
détestable image de la traditionnelle cohabitation entre le prince en fonction
et ses prédécesseurs.
Parce qu’on ne devrait marcher que pour Yayi Boni.
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