"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

DG ORTB : DEMISSION !

Patient ATCHO, rédigé
le 6 Septembre 2007

 

Il y a quelques mois, j’ai adressé à Julien AKPAKI, Directeur Général de l’Office de Radiodiffusion et Télévision du Bénin (ORTB), une lettre ouverte dans laquelle, je lui rappelais le rôle d’une télévision publique dans un contexte démocratique. Les médias béninois ont refusé de publier la lettre en la jugeant «trop incendiaire». Seul le journal «Le Matinal» a eu le courage de le faire. La lettre ayant été publiée a fait couler beaucoup d’ancre et de salive dans les rédactions de l’ORTB. Le DG m’a alors répondu par le biais du courriel de mon blog en termes flatteurs, démagogiques et expéditifs : «… En effet, je nourris l'envie de vous rencontrer dès mon retour de mission, pour des échanges prospectifs. En tout état de cause, ma vision est de faire de l'ORTB, une véritable entreprise, qui s'appuie sur ses ressources humaines pour renforcer sa production radiophonique et télévisuelle, assurer au moyen d'équipements techniques modernes la couverture du territoire national, et dynamiser sa politique de marketing pour mieux se hisser dans l'environnement médiatique concurrentiel. Ainsi, j'entends faire, aussi bien de la Radiodiffusion que de la Télévision du service public, de véritables médias de développement.» Pris aux mots aujourd’hui, monsieur Julien Akpaki n’est finalement qu’une marionnette. Quatre mois plus tard, j’ai observé de près et de loin l’ORTB et je trouve avec beaucoup d’amertume et de regrets que rien n’a changé et que pire, le DG enlise la maison dans l’abîme politicienne. Il se sert de l’ORTB comme outil de propagande au service du Chef de l’Etat béninois. Toujours derrière le Président à ses moindres déplacements, le Directeur de l’ORTB dont la nomination est fortement controversée, n’a même pas honte d’apparaître publiquement avec Yayi Boni. S’il est encore accroché à son poste malgré le désaveu des Béninois et celui de la Cour constitutionnelle, c’est parce qu’il a un sens profondément douteux de l’éthique, de la déontologie et de la gestion de la chose publique. L’ORTB n’est pas la propriété de Yayi Boni et son financement ne provient pas du compte bancaire présidentiel mais de la poche des Béninois qui peinent tous les jours à joindre les deux bouts.

Je savais quelques semaines après son arrivée au pouvoir, que j’ai voté pour un monstre des médias. J’ai élu un Président vorace, volubile, insatiable, toujours avide des médias. Mais en revanche, ce que je ne savais pas, c’est que cet homme allait acheter aux frais des contribuables béninois tous les médias privés susceptibles de lui lécher le cul. Aujourd’hui, il apparaît clair que la nomination de M. Akpaki comme DG de l’ORTB au mépris des règles et procédures normales de sélection, démontre l’esprit de confiscation cynique des médias par le Chef de l’Etat béninois. Le processus de matraquage médiatique marche à merveille. Par lâcheté, incompétence et complaisance, Julien Akpaki a transformé la plupart des journalistes de l’ORTB en griots officiels du gouvernement. Lectures complètes de communiqués institutionnels et gouvernementals, Audiences du Chef de l'Etat, interviews, débats, documentaires bidons sur Yayi Boni, tout y passe en boucle en prime time. Peu importe leur durée. On se fout des téléspectateurs béninois. Le rôle de la télévision publique est intentionnellement bafoué pour plaire à l’autorité et pour s’accrocher au prestige et aux avantages liés au poste de responsabilité. L’ORTB qui prétend être «La chaîne des grands événements», n’est désormais que l’ombre de lui-même. Yayi Boni et ses collaborateurs y sont devenus les grands événements du pays. Même en ce temps de la coupe du monde des moins de 17 ans, les jeunes béninois qui ont déjà difficilement accès à Internet, sont bien loin de connaître les exploits nigérians et ghanéens. Déplorable ! Dans un pays où l’on sait désormais que le système politique a double visage c'est-à-dire, une démocratie du «cause toujours» et une dictature du «ferme ta gueule», le musellement des médias est érigé en norme. Julien Akpaki n’est finalement qu’un simple maillon de cette chaîne politicienne. Mais par sa proximité affichée, il est devenu une gangue qui est en train de détruire l’ORTB et j’en appelle respectueusement à sa démission dans les plus brefs délais s’il a encore le sens de l’amour du pays.




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07/09/2007
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