"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Elections municipales et locales au Bénin :

21 avr. 2008



La pagaille électorale



Quelque quatre millions de Béninois se sont rendus aux urnes dimanche dernier pour les élections municipales et locales. Présenté comme un test de popularité pour le Président Yayi Boni, le scrutin est, comme à l’accoutumée au Bénin, marqué par une grande désorganisation et de nombreux retards dans l'ouverture des bureaux de vote.

On croyait que le changement prôné par le Président Yayi Boni et son entourage était de faire sortir le Bénin du ridicule et de l’amateurisme. Avant de nous parler de Bénin émergent, il faut qu’on commence à organiser des élections dignes d’un pays qui se veut émergent. Le Bénin est passé maître dans l’art d’organiser des élections controversées et cela est vraiment déplorable depuis des années. On se rappelle qu’en 2002, lors des premières élections municipales de l'histoire du pays, le vote avait été repris dans plusieurs arrondissements suite à des irrégularités, comme des disparitions d'urnes ou de procès verbaux ! Dimanche, le scrutin municipal et local a prouvé que la rhétorique du changement et de l’émergence ne sont que pures illusions. Il est indéniable que le Bénin a besoin d’une grosse réforme de son système électoral et pour un pouvoir responsable, cela devrait être une priorité. Pour ces élections dont les résultats susciteront à coup sûr des polémiques, 5.000 bureaux de vote devaient accueillir les électeurs dans plus de 500 circonscriptions ou arrondissements. Mais beaucoup de bureaux ont ouvert tardivement leurs portes tandis que d'autres sont restés fermés comme ont pu s'en rendre compte de nombreux d'électeurs qui s'étaient présentés dès l'heure d'ouverture théorique. Même dans les grandes villes, les opérations ont pris un grand retard. C'était notamment le cas à Porto-Novo, la capitale politique du pays, Abomey (le centre) et Parakou, la principale ville du nord. L'exemple le plus édifiant a été constaté à Parakou dans le nord du pays: faute d'urnes, les électeurs de certains bureaux de vote ont déposé leurs bulletins dans des seaux en plastique ! Face au constat d’échec, le Président sous les projecteurs des caméras du monde, a cru devoir trouver un fautif et faire bonne figure : la Commission Nationale Electorale Autonome (CENA). En déclarant aux journalistes : "Il n'est pas bon de faire subir à nos concitoyens ces désagréments. Aujourd'hui devrait être un jour de fête. Je mettrai en oeuvre dans les jours à venir des réformes politiques et institutionnelles pour que cela ne se répète plus", Yayi Boni refuse ainsi d’endosser les responsabilités qui lui incombent. Les Béninois commencent à savoir ce que valent ses promesses. Tout le retard observé dans la mise en place de la CENA ainsi que le flou entretenu par ce pouvoir au sujet de la tenue de ces élections, font bien émerger des interrogations sur la bonne foi du Président. Deux ans après sa victoire à la présidentielle, Yayi Boni a instauré au Bénin le gâchis et la pagaille. Le mécontentement a grandi dans le pays et aujourd’hui tout le monde y compris la classe politique reproche à Boni Yayi ses promesses non tenues et son exercice solitaire du pouvoir. On espère bien que les résultats qui sortiront de ce cafouillage électoral reflèteront la réelle volonté des Béninois.


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21/04/2008
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