mercredi 13 février 2008

Arimi CHOUBADE

Rédigé le 13 février 2008

La bande annonce de trop. Les travailleurs en rogne ne décolèrent pas. Désormais en ordre de bataille contre une prodigalité jugée inopportune, démagogique et déplacée. La machine du débrayage s'embarde malgré les démentis sur des décaissements éventuels en vue d'offrir gracieusement, à des pays en difficulté, les droits de retransmission des deux derniers matches de la Can 2008. Du rêve et de la passion à la jeunesse d'Afrique par son Excellence Boni Yayi, président de la République du Bénin. On ne pouvait suivre, devant son petit écran, la finale d'anthologie Egypte-Cameroun et rater la prouesse exceptionnellement attribuée au chef de l'Etat béninois.

C'est l'épilogue de cette histoire qui arrache l'ire de la part de nombreux Béninois. Le régime du changement qui en vient à réfuter énergiquement une opération de communication sensée magnifier une qualité jusque là inconnue au docteur-président, un ami protecteur de la jeunesse du continent. Cela ne s'est jamais vu auparavant. Pourtant la bande annonce relayée à profusion par le groupe Afnex-Lc2 convient parfaitement au style des gourous de la propagande du changement. Texte court, lénifiant, laudateur et louangeur. Avec le grand chef dans une nouvelle posture, panafricaniste. Les tentatives infructueuses de Eto ou même de chef d'œuvre de la paire Aboutrika-Zidan ont failli être éclipsée par ce coup de maître.

Actuellement, l'humeur est plutôt noire du côté de la marina. A peine si le Pdg de Lc2, Christian Lagnidé ne se voit pas décerner la palme du plaisantin de l'année. Le président béninois n'aurait été mêlé ni de près ni de loin à ce canular. Curieusement, le démenti ne vient ni de la présidence de la République ni d'un membre du gouvernement ni du Dg de l'Ortb mais du responsable de la télévision nationale béninoise. Une timidité qui ne ressemble en rien à l'agressivité habituelle des promoteurs de l'image du changement. Sortie exclusivement à usage domestique. Les millions de téléspectateurs à qui l'information à été servie à travers le monde en direct lors de la finale de la Can 2008 n'en sauront rien de la tentative de redressement de tort du doyen Stéphane Todomey.

On se demande si c'est le processus visant à obliger tous les rentiers du régime à se mouiller d'une manière ou d'une autre qui se poursuit à travers cette entrée en jeu de Todomey. Un exercice auquel beaucoup avant lui se sont illustrés – Lionel Agbo, Armand Zinzindohoué, Alexandre Hountondji, Edgar Guidibi, Adrien Ahanhanzo Glèlè, le dernier en date. Chacun doit prendre sa part de besogne. Le pouvoir poursuit sa course en tête semant sur son passage frustration, désillusion, déception. Les pompiers de services se chargeront de transformer le faux en vrai et vice versa.

La manie autour des bandes annonces se trouve néanmoins pris dans une crise de crédibilité sans précédent. Ce canal sert à ameuter tout le pays au moindre geste du chef. On connaît ces fonctionnaires qui désertent régulièrement les bureaux pour avoir surpris, au bas de leur petit écran, une invite au peuple attribuée au chef de l'Etat afin d'assister à une pose de pierre, une tournée de chantiers, un lancement de travaux et autres marches contre la corruption ou concert de fin d'année.

Ceux qui connaissent bien le sens des affaires de Lagnidé se doutent bien que ce dernier ne se hasarderait pas à créer des trous dans la comptabilité de son groupe juste pour une pitrerie de mauvais goût.

Mais qui sait ? Le pouvoir a ses raisons que les finances ne connaissent point.