"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Le délestage encore à nos portes

Qui paie les notes ?

vendredi 23 novembre 2007, par Arimi Choubadé

 

Rédigé le 23 novembre 2007

 

Encore du délestage ! Pour une affaire d’arriérés impayés. Pendant que la prodigalité flambe à l’égard des « femmes de 30.000 fcfa », des écoliers exonérés de frais d’écolage, des centres de santé censés accueillir gratuitement les moins de 5 ans. Le délestage quant à lui continue son œuvre dévastatrice et a déjà coûté au Bénin plusieurs points de croissance par rapport à l’exercice budgétaire en cours. Or toute la panoplie de lutte contre la pauvreté repose sur cette même croissance. Pourquoi donc distraire de l’effort qui aurait pu servir à soutenir la bonne santé économique destinée par la suite à soulager les plus démunis ?

C’est sûr que le procès du déficit de volonté politique ne peut se faire au régime du « changement ». Le docteur-président n’admet pas de voir proliférer les poches de misère dans son pays aimé. Le stade Charles de Gaule de Porto-novo, la voie Missérété-Adjohoun-Kpèdékpo, la réhabilitation de la cité royale d’Abomey, les artisans, les chômeurs. Des engagements sur milliards. Le tout dans un processus du serpent qui se mord par la queue. Dès qu’un trou se ferme quelque part, un autre se creuse, plus abyssal.

Pourtant un Etat moderne a ses exigences, incompressibles, non modulables. La seule volonté du patriarche de bannir de sa cité le veuvage et l’orphelinat ne suffit pas. Le budget est voté en équilibre entre les dépenses et les recettes – exigence constitutionnelle. Nulle part il n’existe dans les prévisions des fonds-balladeurs destinés à la fantaisie d’un prince. L’argument de financement extérieur, pour sa part, tient difficilement la route, puisque nulle part il n’existe des fonds en divagation réservés à des gouvernemants-mendiants.

Le financement du développement d’un Etat moderne exige donc le principe de l’imputabilité : chaque nouvelle dépense à compenser avec une recette nouvelle. Une gratuité décrétée dans un secteur suppose une taxe additionnelle compensatoire ailleurs. La décision d’exonération des frais d’écolage aurait donc pu être accompagnée de l’annonce d’une taxe sur un autre service. Plus un citoyen est économiquement actifs plus il supporte l’effort de développement de la collectivité conformément au principe de la solidarité nationale. En clair chaque annonce de dépense supplémentaire devait obéir à un paquet qui détaille la dépense assortie de la recette.

Il y a quelques années, les Français ont perdu un jour de congé – le lundi de Pentecôte – pour faire face aux mesures de lutte contre les effets de la canicule après une hécatombe des personnes âges due justement à la poussée de chaleur. Un paquet de décisions l’une afférente à la dépense l’autre à la recette confère une pérennité à la mesure. Même un gouvernement idéologiquement opposé à celle qui a pris la mesure devra se forger un solide argumentaire avant toute remise en cause.

Le gouvernement Yayi Boni s’est peut-être déjà penché sur les imputabilités nécessaires en rapport avec les annonces tous azimuts. Et que chaque dépense nouvelle est compensée par des ressources additionnelles conséquentes. Pas du genre des coûts de licence de Gsm essentiellement précaires et polémiques qui ne sauraient servir à accompagner une initiative sur la durée. Mais le commun des Béninois ne le perçoit que très peu. Défaut d’information ? Critique assez osée pour un système que l’on dit trop porté sur la communication.

Au cas où on n’a vraiment pas pensé aux imputations compensatoires, il est encore temps d’éviter de sombrer dans la démagogie !



27/11/2007
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