L\'édito de l\'Abé
Loin d'être un voeu pieux, la morale est une intelligence
politique insoupçonnée. L'actualité politique béninoise prouve tout au moins
qu'on ne peut l'ignorer impunément, et voici comment. Sans aucune envie de
charade, commencez d'abord par répondre à la question suivante : « Pour la
participation politique du citoyen au changement, les politiciens doivent-il
utiliser l'argent ou générer de la loyauté ? »
Puissant talon d'Achille de la démocratie béninoise, l'argent a
asservi tout et tous, et de plus en plus. Puis vint le changement sur des
roulettes de supériorité morale. Bien sûr, c'était ainsi ! Dès avril 2006. Des
dames et sieurs liés par une charte de gouvernement, des chantres de la bonne
gouvernance et des soldats de la lutte contre la corruption promirent le
changement. Certains anciens ténors de la vie politique et du monde des
affaires, en devinrent même timorés. Le bruit des audits causa tremblotes et
paniques. Des noms circulèrent. Des procès s'annoncèrent. Tel fut limogé. Tel
autre, relevé de sa fonction. Les signes évoquaient non seulement des éléments
de morale politique, mais aussi de morale religieuse. Rien de mieux pour rendre
amoureux les Béninois grands et petits, dont les besoins étaient supposés pris
en compte à une vitesse époustouflante.
En avril 2007, une majorité parlementaire fut cooptée dans une 5
e législature de développement censée soutenir le changement. Oh ! dans le
processus, il a bien fallu impliquer illégalement les moyens de l'Etat,
dépenser beaucoup d'argent, recourir à d'anciennes pratiques. Mais, puisque la
cause était « bonne ». Il faut fermer les yeux. Seulement, la morale ignorée
prit sa revanche : avec un déficit de confiance et de loyauté la majorité
acquise se révèle difficile à gérer au parlement.
Avril 2008 : récidives. Les arguments de campagnes aux élections
communales se résument en un chantage. D'Allada à Kandi, c'est à coups de « Si
votre village ne vote pas pour moi, je ne ferai rien pour vous » que celui qui
fait tout pour tous fit la campagne pour sa liste unique ! Qu'à cela ne tienne,
une grande majorité vota la liste FCBE à travers le pays, sauf dans certaines
municipalités. Encore faudrait-il maintenir « verts » les nouveaux élus locaux
! Mais que diantre ne voit-on pas que l'argent n'achète pas la loyauté !
Abbé André S. Quenum
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