FAUTE DE COURANT ELECTRIQUE,
ON POURRAIT SE CONTENTER DE COUPS DE TRIQUE AUX
RESPONSABLES DU DELESTAGE
Qu’est ce qui empoisonne le plus en ce moment la vie
des Béninois en général, et des Cotonois en particulier ? Ce sont les affres
des délestages du courant électrique. Des affres d’autant plus insupportables
qu’il y a deux mois, on nous promettait monts et merveilles avec
l’interconnexion entre le réseau national béninois, celui du Togo et celui du
Nigeria. Et de fait, l’interconnexion fut faite, avec la bénédiction de quatre
chefs d’Etat à Sakété, berceau du réseau sous-régional inter-connecté.
Pour ce qui nous
concernait au Bénin, le sourire moustachu de Jocelyn Dégbey – ministre de
l’Energie – nous assura que désormais, il n’y aurait plus de délestages et que
nous pouvions même commencer à espérer des factures de
Or, le constat aujourd’hui c’est quoi ? Le constat, ce sont des délestages
sévères qui paralysent tout, à l’intérieur des maisons comme sur les lieux de
travail ; des délestages d’autant plus insupportables que sévit en ce moment le
temps des grandes chaleurs ; des délestages sévères insupportables et
agrémentés, si j’ose dire, de remises intempestives de 10, 15 à 30 minutes, le
genre de remises intempestives et sauvages qui font, si j’ose encore dire, le
bonheur des appareils électriques.
Mais ce qui
m’irrite au plus haut point, c’est l’absence flagrante d’une communication
claire et concertée de
On est bien loin là, on le voit, des monts et merveilles enthousiastes promis,
suite à l’interconnexion mise sur les fonts baptismaux à Sakété. Mais avant ça,
que de temps, que d’énergie et de ressources financières perdus ! Le Président
lui-même, qui s’était mis au premier rang des prometteurs des monts et
merveilles, ne sort évidemment pas grandi de cette histoire. Ceci me ramène en
mémoire quelques conseils que j’avais cru devoir lui prodiguer il y a deux
semaines. Permettez que je me cite : « Le président de la république devrait
éviter d’être sur trop de fronts à la fois. Le risque pour lui se situe à trois
niveaux : 1 – Il y a le risque de surmenage : il n’a pas deux cerveaux dans la
tête et son corps n’est pas en acier inoxydable, que diable !. 2 – Il y a le
risque de papillonner et de survoler les problèmes, en ne se donnant pas le
temps de s’en occuper à fond. 3 – Il y a le risque de la banalisation : un
principe élémentaire de la communication est en effet de se faire parfois
entendre le moins possible, afin d’être réellement écouté quand l’on parle. Or,
je ne sais si vous l’avez noté, les discours du chef de l’Etat, trop nombreux,
commencent à se ressembler et, par conséquent, à se banaliser.
Monsieur le président, vous connaissez l’adage : « Qui trop embrasse mal
étreint ». Ce que vous ne connaissez certainement pas, c’est l’adage voisin qui
proclame que « Qui trop embrase mal éteint. » C’est cet adage-là qui convient à
votre situation, en cela que tous les problèmes que vous survolez en étant sur
trop de fronts en même temps, et qui ne trouvent donc pas de solutions de fond,
ce sont autant de feux que vous laissez allumés. Des feux qui risquent, à
terme, d’embraser votre action. Vous voyez donc bien que « Qui trop embrase mal
éteint. » Fin de citation.
Qui trop embrase mal éteint, avais-je dis. Puisque le sujet qui nous préoccupe
concerne le courant électrique qui s’allume et s’éteint sans arrêt, je craint
de ne pouvoir m’empêcher de faire un jeu de mots douteux, à savoir qu’en
matière d’électricité Yayi Boni n’embrase rien du tout puisque tout s’éteint
sans arrêt depuis quelques temps.
Mais pour parler sérieusement, et ajouter un conseil supplémentaire à ceux déjà
prodigués, je dirais qu’il faudrait que le président cesse de se mettre en
avant sur tous les fronts. En dehors des risques que je lui avais démontrés il
y a deux semaines, et que je viens de citer à nouveau, il y a que, n’ayant plus
de fusibles qui puissent sauter en cas de défaillance, c’est lui-même qui
reçoit tous les coups. Pour son image, c’est mauvais, surtout si les coups se
multiplient. Or, les coups ne peuvent que se multiplier puisque, comme je l’ai
souligné aussi, à force de vouloir être partout, et obligé de parer à chaque
fois au plus pressé, il laisse partout des chantiers inachevés. C’est de ces
chantiers que vont provenir les coups. C’est un fait, la tentative infructueuse
de règlement de la présente crise énergétique, est un cas typique de chantier
inachevé à
Comment pourrait-il sortir de celui-là ? En faisant ce qu’il aurait dû faire au
départ, c’est à dire faire organiser un forum - c’est d’ailleurs de saison ! -
un forum sur la mise sur pied d’une véritable politique énergétique au Bénin.
Je rêve peut-être, mais il y aurait déjà eu une véritable politique énergétique
nationale, convenablement pensée et mise en œuvre, que la réduction surprise de
la fourniture du courant électrique en provenance du Ghana et de
Une politique énergétique nationale convenablement pensée et mise en œuvre
s’impose donc, parce que c’est une hérésie totale que de dépendre à ce point
d’une énergie électrique d’importation, quand on aspire à devenir pays
émergent, en veillant à avoir la maîtrise de tous les paramètres de son
développement. Dans cet esprit, même l’interconnexion, présentée à mon avis à
tort comme une solution miracle, doit être située à sa juste place dans le
dispositif globale de l’indispensable politique énergétique nationale. Je ne
vois pas en effet à quoi ça nous aurait avancé, de remplacer notre trop grande
dépendance énergétique vis à vis du Ghana, contre celle plus grande encore vis
à vis du Nigéria. Un forum s’impose donc, pour examiner tout cela dans le fond.
Cependant, l’autre avantage que je trouve à un tel forum, c’est qu’il ne peut
pas ne pas faire l’état des lieux complet dans le secteur de l’Energie. Nous
aurons alors – enfin ! - les vraies explications sur la dette colossale et
jusqu’à présent inexpliquée de
Les vraies explications en question permettront sûrement de désigner les vrais
responsables de ce grand malheur qu’est le délestage qui nous frappe dans le
pays, de façon cyclique. Si je ne m’abuse, certains de ces responsables sont de
soi-disant honorables députés à l’Assemblée Nationale. D’autres s’apprêtent à
devenir eux aussi des honorables.
C’est inacceptable !, c’est le moins que je puisse dire. Il faut que ces
responsables soient au minimum inquiétés, et dans le meilleur des cas mis sous
mandat de dépôt au plus tôt.
Ce serait pour nous, citoyens béninois, un peu de baume au cœur, au cœur de nos
si grandes souffrances, du fait du délestage.
C’est ce que je crois
TLF
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