"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Gestion des affaires d’Etat :

 Le peuple béninois est mécontent

Les actions du début du règne du président Yayi ont suscité espoir et confiance chez les citoyens béninois. Mais actuellement, l'accalmie observée mécontente le peuple.



''Le changement'' : c'est l'aspiration du peuple béninois longtemps blasé, qui s'est exprimée à travers les urnes en mars 2006. La gestion des affaires publiques et la conduite des hommes présentaient déjà des signes patents de décadence et de contre performance. La richesse nationale paraissait concentrée aux mains d'une minorité au pouvoir. Le peuple était de son côté ignoré et oublié. Le lendemain du pays semblait nébuleux. Les populations qui en avaient conscience avaient commencé à déchanter en même temps qu'elles recherchaient la voie de sauvetage. L'occasion offerte à un peuple meurtri et désabusé est celle des urnes, le Bénin étant un pays démocratique. Cette occasion a été saisie au moment opportun et les Béninois ont choisi de rompre avec le système ploutocratique qui consciemment, obstruait le chemin de l'épanouissement des jeunes. Le changement est intervenu avec un homme très engagé à réduire la large marge de misère et de pauvreté. Cet homme, c'est bien Dr Thomas Boni Yayi qui dès les premières heures de son entrée en fonction, a entrepris des actions soulageantes à travers la traque des pilleurs de l'économie nationale et l'accélération des mesures de performance. Le rythme de travail s'est accru, les habitudes de contre performance ont été dépoussiérées et des responsables d'actes de détournement, de corruption et de concussion identifiés et cités au public. Et tout le monde avait applaudi.



Des actes d'engagement et de croissance



L'assainissement de l'économie et des finances a entraîné des vagues de contrôles opérés dans certains secteurs publics et privés de développement. Ces contrôles ont révélé des dysfonctionnements criards et des cas de détournements actifs. Malgré les verroux mis par leurs auteurs pour empêcher l'identification et la dénonciation des cas de vol et de corruption, l'appareil de vérification mis en place et connu sous l'appellation d'Inspection générale d'Etat (I. g. e), a permis de mettre à nu des pilleurs de l'économie. La machine de répression dans certains cas, a bien fonctionné. Dans d'autres, elle apparaît comme des pétards mouillés, l'action de sanction n'ayant pas abouti. Ceux qui étaient même punis publiquement, arpentent toujours les arcanes du pouvoir, sans pour autant savourer leur défaite. Leur déchéance du poste initial dans certains cas, n'est pas pour autant la conséquence subséquente et exemplaire pour dissuader les velléités. Des gens punis ici hier, se retrouvent demain sur un autre boulevard, carapacés d'immunité parlementaire que l'on prend comme le bouclier de résistance. Des subterfuges sont trouvés pour échapper à la traque et à la répression du pouvoir.

« Quelle sanction !?! On en rit », s'exclamait l'autre vilain et vil individu rendu coupable de détournement de deniers publics. « Deux poids deux mesures », rétorque une frange de la population soutenue par une presse pressante. En effet, pendant que certains payent de leur liberté leurs actes répréhensibles, d'autres se sentent « protégés », se la coulent douce, narguant ainsi autorités et peuple. Où est encore l'autorité de l'Etat ? Certains qu'on croyait innocents des actes maladroits qu'ils ont posés, sont en ce moment promus ailleurs, s'écartant ainsi du lieu de leur forfait. L'exemple n'est plus donné. La machine de répression s émousse et est foirée. Les coupables continuent de narguer le peuple. L'arrogance de leur vie devient comme une moquerie. Et le peuple médusé, ne comprend plus rien. Des dossiers fumants semblent jetés aux oubliettes. Leurs auteurs pavanent et chantent victoire. Un peu comme au temps de la révolution d'octobre 1972, l'hydre de la corruption n'est pas tuée mais écorchée ; elle devient plus virulente. Le chef de l'Etat très entreprenant sur ce chantier, est-il déjà fatigué ? Si c'est cela, il aura donné raison au président-maire Nicéphore Soglo qui n'a pu faire rendre gorge à une seule abeille ayant sucé le nectar des fleurs de son jardin parfumé.

La démission face à la montagne de dossiers identifiés et reconnus comme tels était patente. Et le président Boni Yayi semble emboîter le pas à ses prédécesseurs. Ses actes de première heure sont de plus en plus convertis en des agitations stériles. La corruption prend elle aussi d'autres couleurs. Les criminels économiques n'ont plus peur, même s'ils ont été effrayés. La machette ou la couperette levée au-dessus de leur tête n'a pu s'abattre sur leur cou. La souris danse devant le cadavre du chat.

Au regard de cette ''baisse de tension'' et d'activité éruptive, le peuple, oui tout le peuple est mécontent d'avoir des chefs qui se succèdent et se ressemblent, même si c'est à peu de chose près. L'action de répression entamée n'a pas abouti dans tous les cas, et le citoyen se voit dupé si un jour, la vérité ne triomphait pas. Le président Yayi doit revoir ses munitions et son artillerie, pour ne pas paraître « du même au même ». Il doit pouvoir s'écarter de cette voie qui englue et empêche d'évoluer. « Il faut cesser de tourner en rond », clame Fulbert B., très amer.



Alvine ADJAGBA



06/06/2008
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