La chronique de COAO-ZOTTI
(suite et fin)
29-05-2008
Dans un précédent article (lire ici cette première partie), j'ai évoqué la difficile marche de Yayi vers 2011 et le risque de voir, à cette échéance, le peuple lui tourner le dos. Les raisons, je les ai saisies à travers la vison que le petit peuple a de la gestion de son pouvoir, avec des griefs qui se déclinent en cinq points.
Le premier relève d'une erreur d'appréciation de la sociologie béninoise. Les populations ont conservé, malgré tout, des instincts de repli ethnique et identitaire qui se manifestent dès lors que leur leader - ou la personnalité présumée telle - a maille à partir avec le pouvoir central. Exemples servis : Fagbohoun avec les gens du plateau et Soglo avec l'électorat fon.
La deuxième raison vient du clientélisme que de sombres intermédiaires, se servant de la bannière Yayi, ont mis en place à l'occasion de la distribution des micro-crédits ou des prêts pour le programme des emplois jeunes. Les gens censés bénéficier de ces sous se feraient outrancièrement mener en bateau par ces apprentis sorciers qui exigeraient, contre libération de ces pécules, jusqu'à dix pour cent du montant demandé.
La troisième raison provient, elle, de la gestion quasi conflictuelle de certains dossiers apparemment sensibles. On se rappelle la brutalité avec laquelle le pouvoir avait fait installer des directeurs à la tête des institutions et de certaines sociétés. ORTB, douane, PADME…les chantiers de la contestation ont été ouverts ici et là et ont laissé dans l'opinion l'image d'un président extrêmement autoritaire, peu soucieux d'arrondir les angles. " Dictateur va ! " avaient hurlé les opposants. Les " parlementaires debout ", ce regroupement de chômeurs et autres zémidjan qui se retrouvent au champ de foire, à l'angle de la rue menant à la morgue du CNHU, ont conclu : " nous n'avons ni or, ni diamant, notre seule richesse, c'est la démocratie. Pourquoi Yayi veut tuer ça ? "
Quatrième raison du recul du président dans l'électorat du sud, la communication autour de sa personne.
Le petit peuple perçoit le premier personnage de l'Etat non plus à travers ses réalisations, mais à travers les multiples marches de soutien orchestrées parfois depuis la présidence et les officines des partis de la majorité. Pendant un an, les chaînes de télévisions, les radios, sur toute l'étendue du territoire, ont vibré à l'unisson pour dire et redire qu'un Jésus nous était venu et qu'il fallait l'aduler comme tel. Mais les populations, pour analphabètes qu'elles soient, sont au fait du montage : puisque c'est encore elles qui sont sollicitées pour aller battre pavé, marcher jusqu'à l'usure du bitume. Rémunérés de l'heure ou au comptant, les marcheurs laissent parfois éclater leurs colère lorsque des commanditaires de ces manifestations deviennent de mauvais payeurs. Avis d'un marcheur patenté : " moi je prends 1000 francs pour marcher. J'ai fait plus de douze marches, ça sert à combler des trous, mais ça ne comble pas ma conviction ". On a envie de dire " escroc ! " Mais qui l'est en premier ?
Mais cette propagande calamiteuse, qui ne se refuse rien, sauf des images à
Et c'est l'une des dernières raisons de l'argumentaire du petit peuple. Comme par le passé, les gens ne font aucune confiance aux collaborateurs immédiats du chef de l'Etat pris en otage par des faucons, des va-t-en guerre qui le poussent sur la pente glissante.
On a dit de Kérékou qu'une maffia aussi nuisible que
Certes, le vulcanisateur, la vendeuse de " moyo " ou le cordonnier ambulant que j'ai rencontrés ne veulent, pour leur quotidien, que les petites recettes pouvant leur permettre de mener une existence tranquille. Mais ils veulent aussi que les actions du chef de l'état, si elles doivent produire l'effet escompté, c'est-à-dire parvenir à l'émergence, intègrent les réalités sociologiques béninoises, tous ces paramètres qu'il est loin de saisir et qui rendent sa gestion polémique. " La démocratie doit nourrir son homme, avouent-ils, nous ne rêvons plus, nous ne voulons que du concret ".
Par Florent Couao-Zotti
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