L'éditorial de l'Abbé :
Le MAEP, au-delà des milliards
par Abbé André S.
Quenum
Au Bénin, supposé quartier latin de l’Afrique, cela s’entend de
parler de «milliards» sans complément de nom. Et quand on y entend « milliard
», l’idée ne vient pas à beaucoup de personnes de penser qu’il peut s’agir de milliards
d’oeuvres littéraires ou même de zémidjan, pendant qu’on y est ! Ceci expliquerait
– je ne trouve pas d’autres alternatives – pourquoi depuis le dernier sommet de
l’Union Africaine (UA), on entend partout dire à peu de chose près que le Maep
a rapporté «plus de mille milliards» au Bénin.
Et tout le monde comprend qu’il s’agit d’argent frais en francs
CFA. Le Mécanisme africain d’Evaluation par les Pairs (Maep) se réduirait à
faire drainer des financements vers les pays évalués, qu’il faudrait s’en
plaindre et s’en méfier. Surtout que le Bénin ne consomme qu’à un taux de 30%
ses crédits, parfois remboursés avant consommation ! Or, en plus d’être
potentiellement un mécanisme bien plus édifiant en gouvernance et en diplomatie
pour une nation comme la nôtre, les «mille milliards» de francs CFA de financement
– qu’il est supposé drainer vers le Bénin – ne deviendront réalité qu’après la
rencontre des bailleurs prévue à Cotonou pour ces jours-ci. On le devait à la
vérité médiatique de le préciser. Pourquoi préférer faire courir davantage de bruit
de milliards et s’étonner après que les revendications sociales se durcissent ?
Bien au-delà des milliards, le Maep, l’un des dispositifs les plus pragmatiques
du Nepad, constitue une grande rupture par rapport au principe de non
ingérence. Après les pays comme le Ghana et le Rwanda, le Bénin a fait soumettre
sa gouvernance politique et économique, et sa gouvernance des entreprises à l’évaluation
critique et méthodique des experts et des autres chefs d’Etat africains. Hormis
la caution que lui donnerait l’exercice auprès des bailleurs, le meilleur gain
serait pour le
Bénin de se maintenir dans cet apprentissage de dialogue interne et
externe impliquant comme partenaires réels les secteurs public et privé et la société
civile. Développer cette culture vaut mieux que « mille milliards » de prêts !
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