l'éditorial de l'Abé
In la croix du Bénin
S'organiser, est-ce béninois ?
Les Béninois peuvent-ils s'organiser ? Pour que l'idée
géniale d'une Commission électorale ne soit pas seulement un concept inventé
par nous alors qu'elle devient une réalité dans d'autres pays, il faut bien se
poser la question.
Avec une mobilisation mitigée, les citoyens voient venir les
élections communales, municipales et locales, sans grande assurance. Sur le
front des campagnes comme sur le chantier de l'organisation des scrutins, les
candidats et les membres de la Céna (Commission électorale nationale autonome)
font contre mauvaise fortune bonne grâce. La barque de la démocratie dans
laquelle nous voguons serait-elle en danger ? Chacun continue ses petits
calculs politiques et ses grands calculs pécuniaires. Dans tel démembrement de
la Céna, les listes électorales sont confisquées pour servir de chantage aux
exigences de paiement, puisque, d'une part, le volontariat a décidément déserté
le pays du laboratoire démocratique et que, d'autre part, la Céna est une
plate-forme pour «manger» légitimement et illégitimement.
Quand, au travers et au-delà des machinations égoïstes, le
souci patriotique remonte dans les consciences inquiètes, on ne sait à qui
s'adresser ni comment s'y prendre pour améliorer l'organisation des élections.
Chacun se plaint, impuissant devant les problèmes qui demeurent, ne situant la
culpabilité que chez l'autre. C'est évocateur d'entendre tel membre de la Céna
ou d'un démembrement dire à 3 jours des élections : «Nous ne réussissons pas à
trouver un accord avec les imprimeurs… Nous n'avons pas de moyen de
déplacement, ni de moyen de communication… Mais il n'y a pas de quoi s'affoler.
Ça ira !». Le sursaut de dernière minute qui a souvent sauvé ce pays serait-il
en train de quitter le génie béninois ? Visiblement désemparé, chacun garde
l'optimisme à la bouche et s'en remet à qui d'autre que… Dieu, sans assumer les
conséquences des multiples irresponsabilités. «Dieu fera», dit-on. Mais au
total, le make-up de la situation varie d'une localité à l'autre. Si l'ambiance
est mortellement tendue à Glazoué et à Malanville, Bassila va à une fête sans
enjeu avec une seule liste électorale, et bien malin celui qui prétend savoir
le sort de Cotonou au sortir des élections.
Echec
ou victoire, bien ou mal, pourvu que les élections aient enfin lieu! Et de
nouveau la question : s'organiser, est-ce béninois ?
Abbé André S. Quenum
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