L'éditorial de l'Abé
Gangrène politique
On aurait cru que la Cen-Sad avait détourné
l’attention de tous vers les bontés libyennes tant évoquées au Bénin, ces
derniers jours, pour calmer la faim et la vie chère. Mais, cela ne saurait
durer. Car, de part et d’autre des cercles politiques, le feu couve sous les
cendres de l’après-élections locales. Dangereusement.
A y voir de près, plusieurs institutions de la République sont en
tension, les cercles politiques (à défaut de pouvoir parler de partis) se
regardent en chiens de faïence, les corps intermédiaires (syndicats, société
civile, organisations) sont fragilisés, des communautés religieuses organisées
en camps de soutien sont de plus en plus divisées. Les politiciens sont
désormais tellement soucieux de leurs intérêts politiques bassement personnels
que s’en trouvent foulés au pied les intérêts communs nationaux, ou locaux.
Cela vaut pour les députés à l’Assemblée nationale, pour lesquels le
remaniement en vue n’est pas un appât suffisant – ou faudrait-il plutôt dire
rassurant – pour inciter au calme. Cela vaut autant pour des ministres dont
certains, inquiets de ne pouvoir rempiler, s’acharnent encore plus que
d’ordinaire à prouver au Chef qu’ils font tout pour lui, plutôt que d’être au
service de la nation. Cela vaut encore plus pour les élus locaux, nouveaux ou
renaissants, déjà contaminés eux aussi par la gangrène politique dans les
guerres de positionnement au sein des conseils communaux.
Dans cette atmosphère pour le moins politiquement
plausible, l’Assemblée nationale, même dans le camp Fcbe, devient le repère
d’intenses tiraillements partant de là et prenant d’assaut le terrain encore
fragile et toujours conflictuel de la décentralisation et des collectivités
locales. Conflits par-ci, blocages par là, la gangrène politique s’aggrave. Une
seule question : qui aura l’ingéniosité politique et le patriotisme de mettre
l’intérêt collectif au-dessus des calculs personnels ?
Abbé André S. Quenum