"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

La ruée vers l'or noir

Le pétrole…Béninois

Rédigé le 14 novembre 2007 par Arimi CHOUBADE

 

Le grand large des côtes béninoises recèlerait l’or noir. A profusion selon les plus enthousiastes. Suffisamment en tout cas pour faire « espérer une nation » dont la pauvreté demeure la seule richesse. Du passé de producteur de pétrole du Bénin, les annonciateurs de bonne nouvelle n’en pipent mot. Le liquide précieux a été ponctionné des années durant sans qu’aucune goutte ne soit versée sur le territoire national. La seule trace visible reste la lourde dette contractée vis-à-vis de la Norvège et qui avoisinait presque la moitié de l’ardoise des 600 milliards laissés en héritage au nouveau commandement sorti de la conférence nationale de forces vives en 1990.

La lumière ne sera jamais faite autour de ce dossier. L’amnistie est passée par là. Les révisionnistes en profitent d’ailleurs pour faire passer la révolution pour l’âge d’or du Bénin contemporain et moderne. Le passé pétrolifère, les milliards de dettes, les procédures de négociation entourées du grand mystère : abandonnés aux historiens qui ne lui trouvent aucun intérêt pour le moment. Les différents sites vont d’ailleurs être envahis à nouveau par des prospecteurs de tout acabit. Pour combien de temps ?

L’échec de Kérékou dans le pétrole a un seul nom : déficit de démocratie. Lacune corrigée sous le Bénin du changement ? Pas si sûr. Sans opposition, sans partis politiques dignes de ce nom. Le statut de l’opposition oblige justement le chef de l’Etat à consulter le (ou les) chef de l’opposition sur la nature du contrat d’extraction et de commercialisation. A défaut, la loi accorde à ce même chef de demander des comptes à n’importe lequel des commis de l’Etat béninois en charge du dossier. Après ces consultations, les contrats passés avec les firmes étrangères subissent l’inquisition et l’approbation du parlement (débarrassé de tous ses suspects).

Et puis, on ne peut parler d’extraction de pétrole abstraction faite de la conjoncture internationale. Jusque-là les différends avec nos voisins se résument à des querelles de terres arides et hostiles à toute exploitation économique d’envergure. Des soupçons de ce liquide de la haine entre le Bénin et le Nigeria ne manqueront de causer des étincelles. Le Tchad, la Guinée Equatoriale, les Congo, l’Angola. Autant de foyers incandescents entretenus par les multinationales de la globalisation soutenues, elles aussi, par les grandes puissances.

Un Bénin producteur de pétrole, c’est du pain béni pour les seigneurs de la contrebande du grand voisin. Au lieu de prendre de gros risques en essayant de défier la grande armée nigériane, s’attaquer à un nain militaire comme le Bénin serait du gâteau. A moins de s’engager dans une militarisation tous azimuts de nos forces en vue de protéger les sites concernés. Un engrenage dont personne ne peut prédire la suite. Des coups de feu quotidien sur les côtes d’un petit pays n’ont jamais été gage de stabilité. Rien ne préserve contre les revendications identitaires, politiques, territoriales, claniques voire religieuses. Les dérapages éventuels d’une armée à qui on n’en demanderait trop.

Le Bénin ne peut renoncer à une félicité de la nature en ne poursuivant pas des enquêtes sérieuses et rigoureuses sur l’ampleur des gisements et le contrôle sans complaisance de l’exploitation qui s’ensuivra. Mais il faut se préparer, institutionnellement, économiquement, politiquement et socialement pour.

Un débat national, peut-être.



19/11/2007
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