"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

L’entourage…du prince

2 octobre, par Arimi CHOUBADE

« Les mêmes cadres produisent toujours les mêmes dégâts ». Cette trouvaille de Tlf que j’affectionne particulièrement traduit à elle seule toute la philosophie de la gouvernance fondée sur le patriarcat. Le chef absolu, omniscient, vertueux et infaillible, entouré de profiteurs impénitents. Un président de la République ne se lève pas de son lit un matin et demande à plusieurs ministres d’organiser une battue anti-enseignants, gigantesque et coûteuse sans que des services de la présidence aient travaillé sur le projet et émis des avis.

On comprend que personne ne souhaite le choc frontal avec le docteur-président, en cette période de grâce prolongée, lorsqu’on sait d’où l’on vient. L’entourage devient alors le défouloir collectif de tous les oubliés du système et autres damnés de la République. Le biais qui mène directement vers les proches collaborateurs apparaît comme la logique implacable. Un raccourci qui conforte la thèse du responsable imaginaire. Ce n’est ni le chef ni l’un de ses commis en particulier. C’est tout le monde et personne à la fois : l’entourage.

A priori cette responsabilité (ou plutôt irresponsabilité) collective devrait convenir à tout le monde, les meilleurs comme les incompétents. Sauf qu’elle comporte le risque d’un nivellement par le bas. Vu de l’extérieur, tous sont les mêmes : des jouisseurs. Le sujet est fondu dans la machine et assume les succès comme les échecs. Solidarité du groupe oblige. Avec une sourdine aux injustices et aux approximations. La subjectivité ambiante ne permet pas de faire des détails.

Pourtant, il existe bel et bien des gens d’exception au sein du groupe, indépendamment de leurs qualifications professionnelles ou intellectuelles. Personnellement, il ne me viendrait jamais à l’idée de mettre en doute les compétences du Conseiller Tiburce Adagbè, sans renier une partie de moi-même (sous réserve de la preuve contraire). La ministre Vicentia Bocco a eu le temps de surprendre agréablement de nombreux Béninois à maintes reprises. Il ne s’agit-là que de jugements très subjectifs qui ne constituent en rien des piques pour les autres.

Dans le même temps, je me permets de me poser des questions sur la trajectoire personnelle d’un Alexandre Hountondji ou d’un Albert Tévoédjré. On se demande comment ces remarquables cadres que l’on dit compétents déterminent leur référentiel par rapport à la gouvernance. Entre celui de Kérékou qu’ils ont défendu bec et ongle durant une décennie et celui de Yayi Boni censé incarner le virage. Ce syncrétisme ne donne pas une meilleure visibilité aux innovations consacrées par l’introduction de talents relativement neufs dans le sérail.

Visiblement, le changement n’est pas encore au bout des innovations. Les compétences ont besoin d’être éprouvées plus qu’elles ne le sont actuellement. Les enseignants auraient été très heureux de faire la connaissance du (ou des) cadre concepteur de la stratégie gouvernementale sur la rentrée de 2007 qui a abouti au fiasco. Une thérapie qui a l’avantage de mettre les meilleurs de la troupe à l’aise. Les critiques sur l’entourage ne prendraient plus des postures malfaisantes fondées sur la jalousie et les règlements de compte comme c’est le cas actuellement.

Il faut savoir se faire entourer



03/10/2007
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