"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Le Bénin émerge !

Vive la pauvreté !

lundi 31 mars 2008

Arimi CHOUBADE

Rédigé le 31 mars 2008

 

Spectacle garanti pour les princes du changement au stade de l’amitié. Les pauvres, les femmes les plus pauvres en fête. Un an que le docteur-président a pensé à eux. Exhibition de la souffrance humaine ; des dames presque en larme sur un podium, qui racontent comment manger, se soigner, envoyer les enfants à l’école demeurent un calvaire. Divertissement d’un autre âge. Désormais, grâce à l’ingéniosité du gouvernement du changement, le mal vivre s’approcherait de la fin. Il y a un an, au lancement de cette affaire de 30.000 Fcfa de microcrédits aux plus pauvres, ce fut le rituel de l’apposition des mains de Dieu-Yayi lui-même sur des victuailles exposées par des nécessiteuses conditionnées.

Pauvres d’elles. Si elles savaient que les frais de la cérémonie du jeudi 27 mars du stade de l’amitié pouvaient être mués en microcrédits pour des centaines d’entre eux. Que ministres et autres cadres s’en mettront plein les poches en guise de frais de mission. Ne parlons pas des intermédiaires chargés de jouer aux mobilisateurs de groupements de femmes en vue d’agrémenter la fête donnée en l’honneur du docteur-président. Visiblement, le régime ne se passe plus des animations populations comme au bon vieux temps de la timonerie du voisinage.

Une compassion pour les plus pauvres qui tranchent net avec les options du prince. Aucun dispensaire, aucune école, aucun centre de loisirs, aucune piste rurale depuis deux ans. Aucune perspective pour les plus pauvres de changer de s’en sortir. Ils constituent désormais le suc vivifiant de la propagande du régime. Tous les téléspectateurs auraient remarqué les prouesses accomplies par la ministre de microfinances en moins d’un an de microcrédit pour ce qui concerne sa toilette et ses accoutrements. Aux grands moments, la grande galanterie.

Pendant que les témoignages rivalisent d’anecdotes à la gloire du régime luttant contre la pauvreté, les affres de la misère s’étalent dans les médias : nouveaux-nés repêchés dans des débarras, dépouilles mortelles abandonnées (sacrilège suprême au pays du vaudou), vols de marmites au feu, braquages de bonnes sœurs etc… Le changement très omniprésent sur les écrans de télévision s’illustre par sa remarquable absence du panier de la ménagère. Une remarque qui ne concerne pas les ministres dont le nombre est passé de 21 à 26 et dont les émoluments ont été multipliés par 3,5.

Cette propension à mettre en compétition le dénuement progressif de la grande masse en opposition à l’enrichissement exponentiel des apparatchiks emprunte à la togolisation effrénée dont parlait quelqu’un. Plus le peuple manque de pain plus il est servile et corvéable à souhait. Une théorie difficile à appliquer au Bénin avec le même succès qu’à côté. Sauf si on « se trompe de pays et d’époque ».

De la légalité de l’octroi des 30.000 Fcfa à l’aide de fonds soustraits de tout contrôle budgétaire ; des critères discriminatoires du choix des bénéficiaires ; de l’impossibilité de garantir le droit de tous les Béninois vis-à-vis des ressources publiques : personne ne l’a évoqué à la fameuse fête de la pauvreté. Le besoin de populisme du régime n’est sujet à aucune considération pour les normes de la République. Si les pauvres n’avaient pas existé, le régime allait l’inventer.

Vive la pauvreté !



31/03/2008
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