Le Bénin émerge !
Vive la pauvreté !
lundi
Arimi CHOUBADE
Rédigé le
Spectacle garanti pour les princes du changement
au stade de l’amitié. Les pauvres, les femmes les plus pauvres en fête. Un an
que le docteur-président a pensé à eux. Exhibition de la souffrance
humaine ; des dames presque en larme sur un podium, qui racontent comment
manger, se soigner, envoyer les enfants à l’école demeurent un calvaire.
Divertissement d’un autre âge. Désormais, grâce à l’ingéniosité du gouvernement
du changement, le mal vivre s’approcherait de la fin. Il y a un an, au
lancement de cette affaire de 30.000 Fcfa de microcrédits aux plus pauvres, ce
fut le rituel de l’apposition des mains de Dieu-Yayi lui-même sur des
victuailles exposées par des nécessiteuses conditionnées.
Pauvres d’elles. Si elles savaient que les frais
de la cérémonie du jeudi 27 mars du stade de l’amitié pouvaient être mués en
microcrédits pour des centaines d’entre eux. Que ministres et autres cadres
s’en mettront plein les poches en guise de frais de mission. Ne parlons pas des
intermédiaires chargés de jouer aux mobilisateurs de groupements de femmes en
vue d’agrémenter la fête donnée en l’honneur du docteur-président. Visiblement,
le régime ne se passe plus des animations populations comme au bon vieux temps
de la timonerie du voisinage.
Une compassion pour les plus pauvres qui
tranchent net avec les options du prince. Aucun dispensaire, aucune école,
aucun centre de loisirs, aucune piste rurale depuis deux ans. Aucune
perspective pour les plus pauvres de changer de s’en sortir. Ils constituent
désormais le suc vivifiant de la propagande du régime. Tous les téléspectateurs
auraient remarqué les prouesses accomplies par la ministre de microfinances en
moins d’un an de microcrédit pour ce qui concerne sa toilette et ses
accoutrements. Aux grands moments, la grande galanterie.
Pendant que les témoignages rivalisent
d’anecdotes à la gloire du régime luttant contre la pauvreté, les affres de la
misère s’étalent dans les médias : nouveaux-nés repêchés dans des
débarras, dépouilles mortelles abandonnées (sacrilège suprême au pays du
vaudou), vols de marmites au feu, braquages de bonnes sœurs etc… Le changement
très omniprésent sur les écrans de télévision s’illustre par sa remarquable
absence du panier de la ménagère. Une remarque qui ne concerne pas les
ministres dont le nombre est passé de 21 à 26 et dont les émoluments ont été
multipliés par 3,5.
Cette propension à mettre en compétition le
dénuement progressif de la grande masse en opposition à l’enrichissement
exponentiel des apparatchiks emprunte à la togolisation effrénée dont parlait
quelqu’un. Plus le peuple manque de pain plus il est servile et corvéable à
souhait. Une théorie difficile à appliquer au Bénin avec le même succès qu’à
côté. Sauf si on « se trompe de pays et d’époque ».
De la légalité de l’octroi des 30.000 Fcfa à
l’aide de fonds soustraits de tout contrôle budgétaire ; des critères
discriminatoires du choix des bénéficiaires ; de l’impossibilité de
garantir le droit de tous les Béninois vis-à-vis des ressources
publiques : personne ne l’a évoqué à la fameuse fête de la pauvreté. Le
besoin de populisme du régime n’est sujet à aucune considération pour les
normes de la République. Si les pauvres n’avaient pas existé, le régime allait
l’inventer.
Vive la pauvreté !
A découvrir aussi
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 1364 autres membres