Le gouvernement se trompe d'option :
Du maïs et non le riz
Arimi CHOUBADE
Rédigé le 22 janvier 2008
Le docteur-président aime si tant son peuple qu’il ne trouve rien de mieux que du riz bon marché pour le sortir de la sauvage inflation sur les denrées alimentaires. A vouloir trop importer des cadres officiant à l’extérieur, on ne peut qu’opérer ces choix bizarres. Les administratifs à l’origine de cette initiative se sont certainement trompés de fiches ou ont préféré demander conseil à leurs « amis » du sahel (Sénégal, Guinée ou Mali) puisqu’il n’en ont pas beaucoup sur le territoire national. Sinon ils auraient su que l’aliment de base au Bénin est de loin le maïs.
Le riz ne se mange que les jours de fête dans la grande majorité des familles réellement en proie à la précarité. Pour une raison très simple. La pâte de maïs à cuisson plus rapide et plus facile peut se consommer avec un accompagnement sommaire – du piment écrasé et même du sel mouillé. Tout le contraire du produit de substitution trouvé par le régime du changement. Le riz n’est finalement pas une nourriture pour pauvres du Bénin, peut-être d’ailleurs. En cette période de rareté, le gouvernement a préféré réserver ses subventions à un produit d’importation plutôt qu’à des denrées locales.
Sur le plan pratique, on se rend bien compte que la montagne de sacs de riz place Etoile rouge ne perd qu’une infime partie de majestueuse protubérance en une journée. Le refus de la vente au détail exclut d’office les gagne-petit. Le système de rationalisation imposée (pas plus d’un sac à chaque achat) n’autorise pas la revente. La rareté des points de vente impose aux acheteurs de disposer de moyens de transport. Finalement, le monopole de la fréquentation des sites de stockage revient aux rutilantes voitures des Béninois en pleine émergence. On peut multiplier les obstacles à l’accessibilité de ce riz sensé lutter contre la vie chère. Le côté mercantile de l’opération permet d’expliquer bien des choses. Qui parle de subventions sur des produits d’importation parle de dividendes à distribuer à des opérateurs économiques suivant un procédé servant à entretenir un clientélisme ambiant. En donnant l’impression qu’on aide les plus pauvres. Même s’il est prouvé par ailleurs que la cible réelle est ailleurs. Il faut bien des mécènes pour supporter l’effort de campagne électorale qui s’annonce. Le changement, comme toute imposture de masse a aussi besoin de raccourcis pour renflouer ses caisses. Et la tournée des ministres alors ? Si cette inflation n’était pas intervenue, il va falloir l’inventer. Car à côté des milliards engloutis dans les subventions, on évoque moins les centaines autres millions redistribués aux ministres, aux membres de cabinets ministériels et aux nombreux accompagnateurs qui sillonnent le pays pour dit-on informer les populations sur les mesures prises dans le cadre de la lutte contre la vie chère. Syndicats, députés du G13, partis politiques ont déjà exprimé tout le mal qu’ils pensent de cette balade trop chère payée. Pré campagne, l’appellent-ils, tous.
Sur la méthode, la cible, les choix et les motivations, c’est clair que le pouvoir a pensé à tout sauf à venir au secours de ceux qui crèvent de faim. La solution exclut d’office les paysans béninois qui continuent de manquer de pistes rurales carrossables afin d’écouler leurs produits pendant que le ministre des Transports multiplient les célébrations en l’honneur de «
De tous les principes de la charte du gouvernement, le devoir de compte rendu qui induit plus de frais de mission rencontre beaucoup de succès. Occasion pour tous ces cadres expatriés, rappelés en urgence de connaître un peu du pays.
Reprenez le riz messieurs, et ramenez le maïs !
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