Le malheur par l’or blanc
vendredi
2 novembre 2007, par Arimi Choubadé
Rédigé
le 02 novembre 2007 In le Nokoué
Il a
fini de ruiner le budget national. Il lui faut s’attaquer à présent aux
fondements de l’exception béninoise : la paix et la stabilité. Et nos
princes qui refusent de changer de cap. Un titre ronflant de première culture
d’exportation du pays, l’illusion d’un embryon d’industrie, beaucoup d’argent
de la part des prêteurs sur gage de Bretton Woods, l’usure des paysans
astreints aux techniques culturales les plus archaïques au monde,
l’appauvrissement quasi irréversible des terres les plus productives. Et
maintenant une guérilla politique nourrie d’arguments à rechercher en dessous
de la ceinture. Jusqu’où nous mènera le coton ?
C’est
possible que, bien géré, le coton puisse rapporter quelques prébendes. Ce dont
les sceptiques comme moi continuent de douter sauf preuve contraire. Pour le
moment, on compte les polémiques, les contre-performances, les dettes, les
privatisations, les grincements de dents, les remous sociaux et les agitations
de politiciens. Les subventions américaines et nord européennes, la
détérioration des termes de l’échange, l’échec des négociations de
l’Organisation mondiale du commerce (Omc) ont bon dos pour justifier toutes nos
turpitudes.
On
peut s’étonner néanmoins de l’inexistence d’une réflexion stratégique locale
sur le devenir de cette affaire de coton. L’impact des méthodes de culture
actuelles sur le sol, les rapports sociaux autour du secteur, l’évolution de
l’industrie nationale presque exclusivement rattachée à cette culture unique.
Que dire de l’environnement juridique de la paysannerie ? Une jungle
totale où les plus grands mangent les petits. Nos champs offrent des spectacles
dignes des exploitations esclavagistes d’un autre siècle.
Contrat
de travail, retraite, congés, sécurité sociale, couverture sanitaire relèvent
d’un jargon totalement inconnu des gros exploitants. Le droit à la terre est
tout aussi enserré dans des pratiques d’un obscurantisme ostensiblement
dégradant et inhumain. Pire que les subventions décriées. Or pour être
compétitif, toute la chaîne de production de coton a besoin de ramer dans le
sens des techniques modernes du marché. On voit mal un système esclavagiste
comme celui du Bénin, aussi obsolète et rudimentaire, aller à l’assaut de la
scientificité occidentale.
Dire
que les discours officiels se sont trouvé un nouveau refrain, la mécanisation
de l’agriculture. Des machines dans une telle pagaille ne feraient qu’entrevoir
plus largement le précipice. Cela suppose l’apparition de grandes surfaces
d’exploitation afin d’assurer la rentabilité aux investissements. Ce qui
suppose également l’introduction de nouveaux loups dans la bergerie – on
n’imagine pas des esclavagistes retors et pervers présenter des projets de mécanisation
bancables. Les mécènes éventuels ne manqueront pas de débarquer avec leurs
arrières pensées mercantiles.
L’immensité
de ces préalables ne devrait pas laisser de place aux querelles vaines,
vicieuses et dangereuses pour toute la nation. Surtout que la question de
l’utilité de la filière coton n’a jamais bénéficié de l’attention qu’il faut.
Elle engraisse certainement quelques profiteurs. Mais les routes, les gymnases,
les hôpitaux, les stades, les grands centres universitaires provenant du coton
tardent à voir le jour alors que l’âge d’or de la filière est derrière nous.
Autant
voir ailleurs et tout de suite.
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