Liberté émergente
Ne bouffer plus du journaliste
mardi 8 juillet 2008
Arimi CHOUBADE
Rédigé le 08 juillet 2008
L’un perd son poste pour impertinence vis-à-vis
du docteur-président dans les colonnes d’un journal émergent, l’autre perd les
pare-brises de son véhicule pour sa célèbre satire antigouvernementale. En plus
de l’ire du président de l’Assemblée nationale contre une presse nationale
« menteuse » pour couronner le tout. En l’espace d’une semaine. Les
insanités qui pleuvent sur des sites Internet. La haine du journalise n’a été
aussi insidieuse, aussi virulente, aussi nocive. Une sorte d’appel au crime qui
ne dit pas son nom. Sans qu’aucun des chantres de la fierté nationale ne daigne
s’émouvoir. Je les vois d’ici s’esbroufer lorsque les rapports de Reporters
sans frontières apparaîtront sur les téléscripteurs.
Dans une précédente chronique je reprenais à mon
compte la boutade de Dadjè au sujet des « spectateurs joyeux ». Et
nous qui nous réjouissons déjà de la naissance du G13, de la déclaration du 12
mars 2008 et des signatures de solidarité de Force Clé avec les forces politiques
citées supra. J’avais eu la faiblesse de croire que cette clarification du
paysage politique épargnerait à certains producteurs de médias de se faire
interpeller par des ministres, des généraux ou des crieurs publics en mission
commandée.
Erreur ! Le docteur-président peine à
séduire ses anciens « amis » d’entre les deux tours de la
présidentielle de 2006, c’est la faute au limogé de
Quelqu’un m’a fait la politesse de me demander
des solutions de rechange après m’avoir copieusement arrosé d’insultes et
d’autres noms d’oiseau dont je vous épargne la mention. Me trouvant « trop
critique et peu constructif ». Ce que du reste je lui concède. Je profite
de l’occasion pour lui donner quelques ingrédients de décryptage des flots de
commentaires qu’il lui ai donné de suivre à travers une presse béninoise qui
est loin d’être rempli de cancres comme le pense une poignée d’émergents.
Personnellement je ne me sens pas capable de
proposer des pistes de gouvernance parce que ce n’est pas mon job. Le chef de
l’Etat s’est entouré d’une flopé de conseillers techniques, tous de grands
messieurs sortis des plus prestigieuses écoles, d’un bataillon de ministres et
d’une administration publique composée de cadres civils et militaires
entièrement soumis. C’est contre cet achalandage impressionnant qu’on me
demande, à moi, petit gratteur de papier, de me mesurer en terme de programme
de développement et de gouvernance publique.
Il n’y a pas parfait spectateur joyeux qu’un
animateur de médias. Il constate des situations et les fais ressentir sans état
d’âme – un critiqueur professionnel, si vous voulez. Aucun Béninois ne devrait
se réjouir que l’expérience du changement tourne au Kérékouïsme sans Kérékou,
portant les déviances de l’ancien régime « au carré » comme dirait
mon ami Tlf sur Radio Planète. Malheureusement, on en est là. Les analystes et autres
éditorialistes ne sont pas des candidats à la magistrature suprême. La froideur
de leurs productions fait partie des règles du jeu. Par contre, l’exigence de
propositions alternatives est applicable à tous ceux qui aspirent à s’asseoir
un jour dans le fauteuil du docteur-président.
A chacun sa part de corvée, ou plutôt, à chacun
sa chronique.
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