Mesures d’accompagnement pour ministres

dimanche 6 juillet 2008

Arimi CHOUBADE

Rédigé le 07 jullet 2008

Enfin la bonne nouvelle à propager partout aux confins des hameaux les plus aculés par la misère et la vie chère. Du passé, les subventions. Le ciment, l’essence, les céréales, le transport flambent. Ce que les émergents appellent pudiquement « vérité des prix ». Un pouvoir d’achat en peau de chagrin. Rien de bien réjouissant lorsque tout cela est décliné sur le quotidien des Béninois. Je vous épargne les détails tragiques de ce quotidien pour ne pas verser dans un voyeurisme indécent.

Aucun souci pour les disciples cependant. Dépêchés sur les sites de pauvreté pour expliquer aux damnés pourquoi leur accès aux ressources communes se rétrécit davantage. Des tournées d’explication de ministres et de conseillers du chef de l’Etat aux allures de mesures d’accompagnement et de subventions vues les exorbitants frais de mission qui en découlent. Un confrère s’est opportunément inquiété de la trop grande fréquence de ces coûteuses balades ministérielles suivant un mode de gouvernance très ethnicisée – le ministre de la Défense dans son Banikoara natal, celui de l’Energie à Pèrèrè, le Commerce à Kpomassè, la Culture à Djougou, le Transport à Abomey etc…

Quelques semaines avant, les mêmes émissaires du changement étaient devant les populations, envoyés par le grand chef, parait-il, afin de recueillir les préoccupations. A aucun moment, aucun des pauvres hères rencontrés n’a sollicité la hausse du prix du ciment et des hydrocarbures. Preuve que l’opération était à usage interne, exclusivement pour permettre aux membres du gouvernement d’alourdir davantage des fins du mois qui avaient déjà littéralement explosé à l’avènement du régime avec des salaires multipliés par 4 pour les nouveaux princes.

Les miséreux de nos campagnes en verront de toutes les couleurs pendant cette croisade d’explication. Avec une mention spéciale pour les 24 communes, dépourvues de conseils municipaux légitimes et sous gérance Etat-Fcbe. Interminables files de véhicules haut de gamme sur des routes défoncées, costumes, grandiloquences, concerts de louanges au docteur-président. Et pourquoi pas des prêches de la part des célébrissimes évangélistes du palais brocardés par mon ami Charles Toko, dans une de ses « Façons de voir » au curare à la Une de Le Matinal ?

Ils ne font même pas dans la décence en guise de respect de la souffrance des gens surtout que le régime n’excipe aucune solution aux problèmes. Alors que les profiteurs du régime en sont pour beaucoup dans la situation qui oblige aujourd’hui des paysans à sauter plusieurs repas dans une journée. Parce que des officiels sont venus dans les champs rachetés les récoltes à des prix dérisoires afin d’alimenter la spéculation dans les grandes agglomérations. On parle d’ailleurs de conteneurs entiers expédiés à l’étranger contre de considérables ristournes au nez et à la barbe du gouvernement.

Entre empêcher des navires bourrés de vivres de voguer vers le Gabon via le port de Cotonou et aller convaincre des miséreux d’accepter la fatalité, le choix des membres du gouvernement est fait. Qu’on ne s’étonne donc pas de revoir ces paysans, branchages en main dans les rues de Cotonou à travers une marche de soutien au gouvernement pour ses « bienfaits » au profit de la lutte contre la vie chère.

Des lots de consolations aux ministres, le cynisme des prix aux plus pauvres !