Lutte contre la vie chère :
Le gouvernement continue de multiplier les erreurs
Ecrit par Affissou ANONRIN
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Plusieurs ministres du gouvernement sillonnent depuis
quelques jours les contrées, les chefs-lieux des communes du Bénin pour
expliquer aux populations les raisons qui ont poussé le pouvoir à réajuster une
nouvelle fois les prix de certains produits de grande consommation. Bernadette
Sohoundji Agbossou, Késsilé Tchalla, Armand Zinzindohoué, Grégoire Akoffodji,
Bocco Vicentia, Désiré Adadja et même le Chef de l'Etat, le Dr Boni Yayi
étaient face aux populations. Cette démarche qui avait pourtant montré ses limites
lors des premières hausses des prix des produits de première nécessité est
rééditée sans qu'on se soucie de l'impact négatif qu'elle a eu et continue
d'avoir.
Pour certains analystes, le gouvernement du Dr Boni Yayi n'a pas encore trouvé
la meilleure méthode pour lutter contre la vie chère. La grande campagne de
sensibilisation qu'elle vient d'engager par ces temps de pluie alors que la
priorité doit être de rechercher les voies et moyens pour maintenir les
producteurs au champ est inopportune. « Tout le monde sait que la vie
coûte chère. Et pour inverser la tendance, la solution n'est pas dans les
campagnes de sensibilisation au cours desquelles on soustrait les paysans à
leurs occupations pour les abreuver de promesses sans lendemain », a d'ailleurs
confié un spécialiste. Un peu avant les élections en effet, presque tous les
ministres du gouvernement ont sillonné le pays pour expliquer aux populations
la vision du Dr Boni Yayi pour un Bénin émergent. L'acte a été dénoncé par
certains maires et autres hommes politiques qui y voyaient une forme de
campagne déguisée. Pendant les élections, on a aussi fait rêver le peuple. Les
premières hausses des prix des produits de grande consommation ont été aussi
accompagnées d'une grande campagne de sensibilisation organisée par le
gouvernement. Très souvent, les rassemblements au cours desquels les ministres
passent leur message ne démarrent jamais à l'heure. Les réunions prévues pour 9
heures démarrent parfois à 14 heures alors que c'est depuis 7 heures que la population
a été mobilisée sur la place du village, abandonnant travaux champêtres et
autres activités génératrices de revenu. Le résultat est là. Après le départ
des ministres et des délégations gouvernementales, plus personne ne retourne au
champ. On se contente des quelques billets de banque laissés par les membres de
l'Etat-providence. Au même moment, les terres restent en friche. Ces erreurs
commises par le passé sont malheureusement reprises en ce moment où il pleut
encore et qu'il faut laisser le paysan aller au champ. A cette allure, on ne
peut que parler de vie chère. Le temps perdu à faire de la démagogie autour de
mesures irréalistes ne pourra jamais se rattraper. Il vaut mieux donc
laisser les paysans aller au champ.
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