Menace ouverte du porte-parole de la présidence à l’endroit de certains journalistes :
28 janvier 2008 - La Presse du jour
La Presse donne l'insomnie à Boni Yayi
Le porte-parole du Chef de l'Etat était vendredi 25 janvier 2008 l'invité spécial de la télévision nationale. A cette occasion, Me Lionel Agbo a fait le procès de certains journaux qui ont fait état le même jour de l'enlèvement manqué du président contesté de la Cena Pascal Todjinou. Une intervention qui, en réalité, n'est qu'une menace ouverte vis-à-vis de ces journalistes « indésirables » qui désormais doivent s'attendre à se retrouver en prison s'ils n'entraient pas dans les rangs.
Une intervention de trop qui révèle jusqu'à quel point le gouvernement actuel a perdu le sommeil à cause de la presse non alignée. L'insomnie a gagné le camp Boni Yayi. C'est le moins qu'on puisse dire après avoir écouté le porte-parole du Chef de l'Etat. Vendredi dernier Lionel Agbo a joué son rôle et formidablement bien. Nous avons pour la circonstance découvert en lui d'autres talents. Seulement, mis de côté l'aspect comique, on ne peut que se demander quelle mouche a véritablement piqué le gouvernement pour qu'il se décide à aller à cette solution de facilité ?
Des journalistes seraient impliqués dans un vaste plan de déstabilisation du pouvoir en place et c'est ce qui explique qu'ils aient écrit que Pascal Todjinou a échappé à un enlèvement. « Toujours les mêmes organes » n'a cessé de vociférer le porte-parole de la présidence. La conclusion, c'est qu'à compter de ce jour, le Chef de l'Etat ne se laissera plus traiter de cette façon. Ce rappel est nécessaire parce que nombreux sont ceux parmi les fidèles lecteurs de « La Presse du Jour » qui nous ont interpellé tout le week-end par rapport à notre publication du vendredi dernier. Nous les remercions puisque ils ont, eux au moins, eu le courage de nous interpeller. C'est ce courage qui a manqué au porte-parole de la présidence qui, en réalité, a fait semblant de montrer des documents qui peuvent bien ne pas être des journaux car, la vérité c'est que « la Presse du Jour » n'a jamais soupçonné qui que ce soit d'être à l'origine de la tentative d'enlèvement du Président de la Cena. C'est d'ailleurs pour cela que nous avons décidé de publier à nouveau l'article incriminé pour mieux situer les uns et les autres. (Voir P3 : Situation politique de plus en plus tendue : Todjinou échappe de justesse à un enlèvement). Certainement que de l'autre côté, grisé par le pouvoir, on ne lit désormais qu'en diagonal. La vérité, c'est que Boni Yayi veut anéantir les journaux qui se refusent à chanter que « tout est rose ». La vérité aussi, c'est que le pouvoir du changement est totalement en perte de vitesse. La preuve, la paralysie générale de l'administration qui a commencé. Presque tous les travailleurs menacent d'aller en grève parce que le gouvernement ne leur inspire plus confiance. Pour une première fois dans notre pays, on a vu la douane aller en grève pour les raisons que chacun connaît. Au même moment, les Béninois ont du mal à s'approvisionner en ciment, en riz et pour beaucoup d'autres denrées de première nécessité. Des réalités face auxquelles le gouvernement est totalement impuissant. Parce que des journaux en ont parlé et continueront d'en parler, il faut les réduire au silence. « Les travailleurs grévistes sont tous manipulés par des hommes politiques » avaient laissé croire certains chantres du changement. Certains journaux sont également manipulés. Ce sont ces éléments qui font dire qu'il y a un vaste plan de déstabilisation du régime. Personne ne doit être dupe.
Marie-Richard Magnidet