"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Mendicité ou diplomatie

La diplomatie de céréales

mercredi 25 juin 2008

Arimi CHOUBADE

Rédigé le 25 juin 2008

 

Les expéditions présidentielles béninoises multiplient les exhibitions de trophées. Des tonnes de riz à Koweït City, d’autres tonnes de riz et de maïs à Tripoli. « A distribuer gratuitement aux populations » selon la formule consacrée. Une expression qui passionne singulièrement le très transparent ministre des Affaires étrangères. Pour une des rares fois où il daigne se rappeler au souvenir de ses compatriotes, c’est pour vanter les mérites du gouvernement qui ramène des tonnes de victuailles au pays. On le voit encore à la télé se surprendre à constater l’ampleur de l’aumône.

Après cela, plus personne ne peut reprocher au gouvernement du changement de n’avoir rien fait pour lutter contre la crise alimentaire. Le pouvoir en vient finalement au constat de l’incapacité des producteurs nationaux à nourrir les Béninois. Des émergents se sont précipités d’ailleurs de faire marcher quelques-uns des paysans afin de « soutenir » la diplomatie du chef de l’Etat dans sa croisade de collecte de dons de vires à travers quelques chancelleries. Trop heureux, parait-il, d’être désormais déchargés au profit de leurs homologues japonais.

En dehors des paysans « patriotes » qui arpentent les rues de Cotonou, branchages en main, en posture d’adulation du docteur-président, il en existe des milliers d’autres frustrés de la grotesque manipulation dont ils ont été l’objet à travers ces histoires de dons et de subventions. Car ce n’était pas assez intelligent d’obliger les paysans à déserter leurs terres pour venir marcher à Cotonou, en pleine saison des pluies. Et de les contraindre à utiliser des branchages à la veille de la journée de l’arbre, pendant que le ministre de l’Environnement s’emploie à préserver la verdure des villes des atteintes des marcheurs brandisseurs de rameaux.

Ce qu’on ne dit pas assez, si le riz lui vient du Japon ou du Pakistan, le maïs, lui, est bien produit sur le sol béninois. Il n’est pas disponible sur les marchés ou est hors de prix parce que les pistes rurales sont à l’abandon depuis deux ans. Accès quasi impossible aux localités considérées comme des greniers. Les champs de Tovikiln, Lalo, Klouékanmè demeurent inaccessibles. La vallée de l’Ouémé attend toujours sa voie de traversée. Il a suffit aux généreux donateurs de se donner les moyens d’aller chercher ses productions difficiles à écouler, à vils prix, auprès des producteurs pour paraître lutter efficacement contre la crise alimentaire.

De la vision de l’émergence à propos de la modernisation de l’agriculture ? Cela passe peut-être par les génuflexions d’une diplomatie lancée sur les traces de céréales outre-frontières. Le chantier législatif sur la réforme agraire n’est jamais allé au-delà de la propagande. Le gouvernement s’est contenté de vendanger la majorité parlementaire qui devait l’aider à y parvenir. Les perspectives s’éloignent de plus avec une Assemblée nationale sous le changement qui a franchit un nouveau palier en inaugurant une session « blanche », 3 mois sans le moindre article adopté. On n’imagine pas le débarquement des engins agricoles dans les campagnes sans un minimum de réglementation en la matière.

Un seul credo pour la diplomatie de la mendicité : du poisson et non des filets

 



25/06/2008
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