Que prépare Yayi pour 2011 ?
Suite
aux dernières déclarations de la
Secrétaire administrative permanente de la Commission électorale
nationale autonome (Sap-Cena), Mme Léa Hounkpè, au sortir d'une audience au
palais de la présidence, on est davantage tenté de s'interroger sur
l'issue des élections législatives et présidentielles de mars 2011. Que
mijote le président de la
République et les siens ?
L'Horizon des
élections législatives et présidentielles de mars 2011 paraît très sombre. Et
pour cause ! La persistance avec laquelle le chef de l'Etat , Boni Yayi, et ses
partisans tentent de remettre en cause le processus des dernières
élections municipales, communales et locales commence à inquiéter. Après avoir
difficilement désigné leurs représentants à la Cena et dans ses démembrements, les formations
politiques se réclamant de la majorité présidentielle ont longuement compromis
l'installation du bureau de l'organe chargé de préparer et d'organiser les
élections puis d'en proclamer les résultats définitifs. Ayant perdu dans leur
tentative du contrôle des postes stratégiques dudit bureau malgré les
interminables recours devant la
Cour suprême, ces politiciens yayistes ont dû abandonner.
Mais ce ne fût qu'un léger répit. Car la Cena les aura de nouveau dans son dos après les
dures péripéties qu'elle a rencontrées dans ses relations avec le ministère de
l'Economie et des Finances dans le financement de ses activités et des
opérations de vote.
Une pseudo affaire de vol
Ainsi, une vraie
fausse affaire de vol de cartes d'électeurs au départ transformée en tentative
de modification du fichier électoral a été créée, entretenue puis jugée devant
le tribunal de première instance de Cotonou avec une grande campagne de
dénigrement sur différents supports médiatiques. Même le cabinet du président
de la République
à travers le secrétaire général du gouvernement s'est immiscé dans cette
affaire. Le mot était clair. Pas d'élection sans clarification de cette vraie
fausse affaire. L'impasse sur le déroulement réel du scrutin ne faisait aucun
doute. Une fois encore, la logique de l'irréversibilité du processus l'a
emporté. A peine, ce scénario terminé qu'un député de la majorité
présidentielle ouvre un nouveau front. Celui du caractère indélébile de l'encre
à utiliser le jour du vote. Dans une déclaration à la presse, ce député a, au
nom de la coordination nationale des Forces cauris pour un Bénin émergent
(Fcbe), douté de la fiabilité de l'encre puis conditionné son utilisation à une
expertise préalable en présence des partenaires au développement qui devraient
en certifier le caractère indélébile. De nouveau les partisans du président de la République essuient un
échec. Mais ils n'ont guère désarmé et les déclarations faites à la presse
cette semaine par Mme Léa Hounkpè après s'être juste entretenue avec le
président de la République
en est une illustration parfaite. Car avant ce nouveau scénario porté au grand
jour par l'actuelle Sap-Cena, militante du parti Upd-Gamesu, un parti de la
majorité présidentielle, il y a eu au lendemain de la proclamation des
résultats des élections, des manœuvres de contestation. Ces manœuvres ont
consisté au départ à organiser dans certaines communes des marches et
manifestations publiques contre la
Cena et son président, Pascal Todjinou avant de déboucher sur
un complot en faveur de la non installation de vingt quatre (24) conseils
communaux.
Des plans bénis par Yayi
Ces différents
plans de déstabilisation mis en œuvre par les partisans du chef de l'Etat
depuis le début du processus électoral semblent avoir reçu sa bénédiction.
Sinon comment comprendre qu'il ne soit pas jusqu'ici intervenu pour mettre un
terme à ces manœuvres que tout le monde s'accorde à trouver anti démocratiques
? Et c'est ce consentement tacite que cautionne le comportement du
président de la République
qui amène certains citoyens à exprimer des inquiétudes sur les échéances
couplées de mars 2011. Car les réformes à apporter au système électoral et sur
lesquelles toutes les forces vives et démocratiques paraissent tomber d'accord
semblent ne pas intéresser le gouvernement. Le pouvoir, à écouter le secrétaire
général du gouvernement et certains ministres, semble être plutôt tenté
par l'option de ramener l'organisation des élections au ministère en charge de
l'Intérieur ou de l'administration du territoire. Ce serait désormais la
finalité de toutes les failles que s'efforcent de relever à tort ou à raison
les partisans du chef de l'Etat dans l'organisation et au sujet des résultats
des élections municipales, communales et locales des 20 avril et 1er mai
derniers. Parviendront-il à mettre en ouvre leurs manœuvres inavouées ?
Ludovic D. Guédénon |