En effet, interrogé par nos soins sur l’éventualité de son entrée au
gouvernement comme un des signaux forts d’ouverture vers la Renaissance
du Bénin et le retour de confiance dans les rapports avec les premiers
responsables de la municipalité de Cotonou, le premier adjoint au maire
Nicéphore Soglo, pose des conditions. Il estime qu’il ne suffit plus
d’imposer une quelconque ouverture, sur la base des conditions du
pouvoir, mais qu’elle doit être réelle, sincère et consentie par toutes
les parties en discussion, sur un pied d’égalité ; car il s’agit de
s’entendre sur des questions relatives à la paix sociale, à la
stabilité politique et à l’avenir économique et social du pays, à la
préservation de ses acquis démocratiques. Pour Léhady Soglo,
l’hégémonie, la défiance et les pressions du pouvoir ont été telles
pendant les deux ans du changement - les engagements pris par le
candidat Boni Yayi n’ayant pas été aussi respectés selon lui- qu’il
s’est créé une grande perte de confiance. Dès lors, il serait erroné -
de son avis- de croire à un rapprochement subit sans qu’il y ait un
véritable retour de confiance. Au demeurant, s’il devait y avoir
ouverture, elle passera nécessairement et d’abord par la définition
claire de son contenu, afin que chaque partie juge de l’opportunité d’y
adhérer. Tout au moins, au niveau de la Rb, et de son point de vue
personnel, il souhaite que le contenu de cette ouverture défini,
certains préalables indispensables soient remplis, pour qu’il y ait
ouverture sincère et véritable. Parmi ces préalables, il cite
évidemment, le transfert effectif des ressources techniques et
financières aux communes et municipalités, notamment le cas du marché
Dantokpa en ce qui concerne la Municipalité de Cotonou, qu'il réclamait
en vain sous Kérékou ce marché, et que l’actuel régime leur aurait
promis sans le faire.
Par ailleurs, il souhaiterait un changement dans la méthode de
gouvernance des affaires de l’Etat, sur les plans politique, économique
et social dans le sens de plus de consensus, davantage de respect et de
considération pour la classe politique que certains responsables du
pouvoir, qualifient de «vieille classe politique», et notamment envers
ceux qui ont le courage de faire la veille sur la conduite de la
démocratie béninoise. L’autre préalable est l’engagement du régime à
tisser les meilleures relations avec toutes les autres institutions de
l’Etat dans le respect de leurs prérogatives constitutionnelles.
L’engagement ferme de poursuivre et d’achever rapidement la réforme
électorale par la mise en oeuvre effective du processus d’établissement
de la liste électorale permanente informatisée (lépi). Ceci pour
préserver le pays des dysfonctionnements qui constituent des risques
pour des élections libres et transparentes. Comme on le voit, il y a
comme un mur de méfiance qui s’est installé entre le pouvoir, qui fait
l’effort de l’ouverture, et les autres forces composées par le G4 et le
G13, qui voudraient davantage de signaux de sincérité venant du
pouvoir, consistant en une ouverture non imposée selon les conditions
du régime . Dans ce sens, tous ceux qui espèraient une décrispation et
une ouverture rapides pour apaiser le climat politique et social sont
loin du compte. Mais en se figeant dans une telle position le G4 et le
G13 ne risquent-ils pas de connaître des défaillances face à des
intérêts de groupe ou particuliers? Pour Léady Soglo, les prédictions
sur une possible dislocation au sein du G4 comme du G13, ne sont
fondées que sur des supputations. Les deux groupes unis par les mêmes
soucis et les mêmes visions du pays, auraient beaucoup travaillé à
conforter leurs points de vue communs et qu’ils pourraient même à
l’heure actuelle se targuer d’une plateforme commune de gestion du
paysage politique béninois, du jeu démocratique et de projet de
société. Ce qui les unit sera-il plus fort que ce qui peut les diviser
? En tout cas, le premier adjoint au maire de Cotonou, ne croit pas lui
en un quelconque reniement des positions prises par ceux qu’on peut
qualifier aujourd’hui, d’«opposition de fait, non déclarée et en
formalisation».A défaut d’ouverture on pourrait en conclure à une
clarification du paysage politique, chacun en prenant acte pour
l’avenir.