"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Paralysie des secteurs vitaux de l’économie nationale :


L’état de grâce est terminé pour Yayi Boni  

LE MATINAL  - - 22 janvier - La fronde sociale gronde, s’amplifie et gagne les secteurs vitaux de l’économie nationale sonnant ainsi le glas de l’état de grâce dont bénéficie le Dr Yayi Boni depuis Avril 2006.

Ce sont les magistrats qui ont ouvert le bal fin 2007. Puis les syndicats des trois ordres de l’enseignement sont rentrés dans la danse en ce début d’année 2008 suivis de leurs homologues de la Douane. Ensemble, ils ont refusé de travailler pour la république durant 48 heures les mardi 8 et mercredi 9 janvier derniers. Les syndicats de ces deux secteurs d’activité reconduisent leurs mouvements pour 72 heures la semaine qui a suivi. Ainsi, les mardi 16, mercredi 17 et jeudi 18, les enseignants et les douaniers, très déterminés, débrayent. Ils reçoivent le soutien déclaré de la plupart des centrales syndicales. Mieux, ils sont rejoints par le Collectif des praticiens hospitaliers, des agents d’un autre secteur très sensible, qui n’ont pas travaillé pendant la même période. Si, entre temps, les douaniers ont suspendu stratégiquement leur mouvement, les enseignants quant à eux continuent de maintenir la pression. A partir de ce jour et pour trois jours encore, les enseignants vont laisser les apprenants à leur sort. Alors que les praticiens hospitaliers quant à eux, vont abandonner les malades pour les quatre prochains jours à partir d’aujourd’hui. Et, comme pour enfoncer le clou, tous ces syndicats reçoivent soutien de cinq centrales à savoir la Cstb de Gaston Azoua, la Csa-Bénin de Dieudonné Lokossou, la Cgtb de Pascal Todjinou, la Cosi-Bénin de Georges K. Glèlè et l’Unstb de Emmanuel Zounon qui organisent ce jour un meeting géant pour dénoncer les entraves du pouvoir à la jouissance des libertés fondamentales chèrement acquises par le peuple. Tous ces mouvements qui s’observent dans les secteurs vitaux, voire névralgiques de l’Etat ne sont pas de nature à faciliter la tâche à la construction d’un Bénin émergent. C’est pourquoi le chef de l’Etat s’était impliqué personnellement dans la recherche de solutions à la crise qui secouait le secteur éducatif avant sa prise de pouvoir. Une crise qui a été provoquée par la déception des formateurs de la manière avec laquelle le gouvernement gérait ce secteur très sensible. Yayi Boni a réussi à convaincre instituteurs, professeurs du secondaire et ceux des Universités à surseoir leurs mouvements de grève fin 2006 et a organisé un forum sur l’éducation nationale en février 2007. Au sortir dudit forum, les enseignants, très sensibles aux jérémiades du peuple qui soutient que Yayi Boni n’est pas responsable de la misère des acteurs du système éducatif et qui d’ailleurs venait de prendre le pouvoir, les enseignants ont choisi volontairement de donner du répit au chef de l’Etat et à son gouvernement. Ce qui a permis au gouvernement du changement de souffler durant six mois sans satisfaire les revendications des enseignants et de préparer la rentrée dans la sérénité. Elle a été obligée de reporter la date de la rentrée préalablement fixée au 17 septembre 2007 au 04 octobre de la même année à cause de la pression des enseignants qui ont tout simplement boycotté la reprise. Puis, après d’intenses négociations avec les syndicats des enseignants et avec l’aide des personnes morales, les enseignants ont accédé à la demande du gouvernement en effectuant la rentrée. Mais la reprise était assortie d’un moratoire de trois mois au cours desquels le chef de l’Etat devait prouver sa bonne foi en concrétisant ses promesses. Ce qui n’a pas été le cas aux dires des syndicats des enseignants.

Plus de cadeau

Du coup, leur réaction a été à la mesure de leur désillusion. Quarante huit heures puis soixante douze heures de grève. Les apprenants renouent avec le spectre d’une année blanche ou tout au moins d’une année scolaire et académique approximative. Prorogeant consciemment ou inconsciemment les congés de fin d’année pour les enfants. On a l’impression que les éducateurs n’ont plus pitié de la jeunesse. Mais au-delà on peut affirmer sans risque de se tromper que les travailleurs sont insensibles aux efforts que fait le pouvoir pour mettre tout le pays en chantier. Oui, le chef de l’Etat s’efforce de doter le pays d’équipements socio-communautaires, d’infrastrucrures routières. Il a réussi à relever le point indiciaire du salaire des agents permanents de l’Etat de 12% en moins de deux ans d’exercice du pouvoir d’Etat. L’argument qu’ils développent est que l’effort est insuffisant. Le pouvoir d’achat du Béninois s’amenuise au jour le jour et la vie coûte de plus en plus cher. Le peuple dans l’ensemble a fêté le nouvel an dans la morosité malgré toutes les mesures prises par le gouvernement pour contenir les prix des denrées de première nécessité. Dans ces conditions, on comprend l’ampleur et la spontanéité avec lesquelles se développent ces grognes sociales comme pour annoncer au Président de la République que la période d’observation est terminée. Il ne peut donc plus arguer du fait que les problèmes ne datent pas de son époque. En clair, le délai de grâce a lui accordé par les travailleurs est arrivé à terme. Et, le gouvernement du changement doit dorénavant en tenir compte dans la gestion des partenaires sociaux pour le bonheur du peuple.

Maximin Tchibozo

 



24/01/2008
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