"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Présidence de la République

Le chiffon rouge…

lundi 28 janvier 2008

Arimi CHOUBADE

Rédigé le 28 janvier 2008

 

Je vois d’ici les écrivailleurs sortir l’artillerie lourde à l’encontre du « grand » avocat du docteur-président. Or à lire entre les lignes de la charge diffusée et rediffusée à dessein sur la télévision nationale, on entrevoit quelques tentatives de dérobades. Malgré sa grandiloquence et ses mimiques empruntées, le porte-parole de service n’a de cesse de répéter qu’il ne faisait que débiter ce qu’on lui a fait enregistrer dans le crâne à la suite d’une entrevue avec le patron. Il est impensable que Lionel Agbo ait combattu Gaston Zossou sous l’ancien régime avec une telle fougue juste pour en devenir la pâle copie quelques années après.

En temps normal, le porte-parole de la marina n’oserait s’en prendre aux journalistes. Le contraste entre sa grande présence dans les médias et son poids presque négligeable dans les urnes depuis 1996 illustre remarquablement le paradoxe qui entoure son parcours. Le style torero qui consiste pour un sbire à se taper la poitrine et à revendiquer être « le chiffon rouge » participe d’une technique de dissimulation et de diversion aussi vieille que la stratégie politique. Tous les amateurs d’arène de taureau en connaissent un brin. Il fallait trouver la parade à l’inquisition de plus en plus incisive de la presse vis-à-vis du grand chef.

L’observateur attentif aurait remarqué que pour une première fois depuis l’avènement du changement, il n’y a pas eu de show de Yayi Boni sur la télévision nationale de toute la semaine. C’était franchement cocasse de le faire pavaner comme à l’accoutumée sur le petit écran alors que enseignants, élèves et personnel de la santé ont déserté leurs lieux de travail et que les centrales syndicales ont décidé de lui décerner la palme de prédateur des libertés publiques et individuelles. Dans un contexte de déculotté pour la majorité présidentielle à l’occasion de la constitution du bureau de la Commission électorale nationale autonome (Cena) et de la polémique larvée sur la gestion scabreuse de l’escorte des véhicules d’occasion.

A mon avis, si les confrères doivent engager un combat, que cela ne s’élance pas à l’aveuglette contre un second couteau alors que le danger est ailleurs. Le coup de semonce lancé sur la télévision nationale n’a rien d’anodin. Je soupçonne un dessein moins élégant en dessous. La démarche emprunte à la sagesse de nos fétiches qui préviennent toujours de leur colère avant de frapper un contrevenant au code sacré. Le cafouillage du porte-parole du chef de l’Etat à la question de mon ami Prévert Noutéhou sur les risques éventuels encourus par les journalistes en dit long sur le reste. Je veux bien croire que la démonstration de force qui a suivi, avec l’audience présidentielle accordée aux hauts gradés de l’armée, n’est qu’un banal hasard.

On attend que les détecteurs d’apatride et autres patriotes expriment leur appréciation sur ces menaces en direct sur une chaîne de télévision visionnée sur satellite. Plus que les prétendus rédacteurs de tracts, Lionel Agbo vient d’envoyer un sérieux indicateur aux instances internationales chargées de veiller sur le respect des normes démocratiques dans le monde. On se demande ce que penseraient Sarkozy, Merkel ou Bush d’une représentation aussi lamentable que les yeux éjectés de sang d’un proche collaborateur de leur future hôte sur le petit écran. Drôle de manière de cultiver le modèle enfanté à la conférence nationale.

Il parait que ni Lionel Agbo ni son Chef n’étaient aux historiques assises de l’hôtel Alédjo. Ceci explique certainement cela.

 



28/01/2008
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