Privatisation de l’outil industriel de la Sonapra :
Boni Yayi
attend désormais les propositions des travailleurs
24 septembre 2007 - In la presse du jour - Le
Chef de l’Etat, le Dr Boni Yayi a rencontré le vendredi 21 septembre dernier
les forces sociales de la
Société nationale de promotion agricole (Sonapra) pour tenter
de trouver avec elles des voies et moyens devant conduire à apporter des
solutions concrètes à la crise née de la gestion du processus de privatisation
de l’outil industriel de ladite société. De grandes décisions ont été prises au
cours de ce conclave. S’achemine-t-on vers une issue heureuse dans la gestion
de la crise qui secoue en ce moment le processus de privatisation de l’outil
industriel de la Sonapra ?
A cette question, on est bien tenté de répondre par l’affirmative.
La rencontre
que le Chef de l’Etat, le Dr Boni Yayi a eue le vendredi dernier avec les
forces sociales de la Sonapra
est en tout cas prometteuse. D’ores et déjà, le Chef de l’Etat, le Dr Boni Yayi
a confirmé son engagement à garantir un dénouement heureux de la crise pour
l’intérêt de la nation et des travailleurs de la Sonapra. Après
avoir noté que les mouvements des différentes manifestations de protestation
des travailleurs traduisent leur sentiment de méfiance par rapport à un
processus auquel leurs représentants n’ont pas été associés, le Chef de l’Etat,
le Dr Boni Yayi a annoncé les instructions données au ministre d’Etat chargé de
l’économie et du développement, aux fins de la prise d’un arrêté portant
création d’un comité de suivi du processus, au sein duquel la Direction générale de la Sonapra et les syndicats
des travailleurs seront représentés. Le Chef de l’Etat a aussi donné la preuve
de sa bonne foi en invitant la
Sonapra à lui faire parvenir dans les meilleurs délais, ses
observations et ses propositions par rapport à la conduite du processus de
cession de l’outil industriel de la
Sonapra en vue de garantir aussi bien son dénouement heureux
que de la participation de la société à la campagne 2007-2008 et la préparation
de la campagne 2008-2009. La vision du gouvernement telle que présentée par le
Chef de l’Etat lors de cette séance de travail est de faire de la future
société à créer à partir de l’ouverture du capital social de la Sonapra, une société à
l’image de la Cmdt
au Mali ou de la Sofitex
au Burkina Faso, notamment sur le marché des intrants. Les documents de l’appel
d’offres (Dao) lancé par le ministre Pascal Koupaki à travers la Commission technique de
dénationalisation ont malheureusement fait entorse à cette vision sur divers
plans. Au lieu d’un appel d’offres international, on a lancé un appel à
concurrence qui exclut la dimension internationale et qui est assorti d’un
délai de deux semaines confirmant la volonté de restreindre l’appel d’offres à
certains opérateurs initiés au dossier. Alors que le conseil des ministres du
20 août 2007 parle simplement de secteur privé majoritaire avec 45 % des
actions, les Dao précisent qu’il s’agit d’un « bloc unique » qui ne
permet pas de diversifier l’actionnariat de la nouvelle société à créer.
Ce
qu’on a caché au Chef
Bien
avant l’intervention du Chef de l’Etat, ce sont les travailleurs, à travers
leurs syndicats, qui ont rappelé à l’attention de la Haute autorité un certain
nombre de points importants qui lui ont été cachés jusque-là dans ce dossier.
Ces points sont liés à la garantie de la Sonapra pour l’approvisionnement des sociétés
privées locales de transformation de fibre et de graines de coton à des
conditions commerciales que les égreneurs privés n’accepteraient pas,
l’acquisition sur fonds propres et avec la garantie de la Sonapra de trois usines
d’égrenage au profit d’opérateurs privés nationaux, l’investissement de la Sonapra dans l’évacuation
et l’égrenage du coton graine abandonné sur les bras des producteurs en raison
de la désaffection des privés qui prétextent soit de la dépréciation des cours
mondiaux du coton, soit de la mouille due aux intempéries, les conflits avec
les opérateurs privés en vue du sauvetage de la production qui s’achève en
procès dont les incidences financières aux dépens de la Sonapra s’estiment à
plusieurs milliards de F Cfa, l’intervention récente de la Sonapra dans
l’approvisionnement des intrants qui lui crée des préjudices financiers en
raison du non remboursement par les distributeurs des valeurs des intrants qui
leur ont été livrés en milieu paysan…Conscient des contraintes techniques qui
découlent de la réforme institutionnelle des sociétés d’Etat, les travailleurs
de la Sonapra
ont, à l’unanimité, marqué leur adhésion à la vision du gouvernement de
développer la filière coton à travers la création d’une nouvelle société qui
engloutira l’outil industriel de la Sonapra. Cette attitude a surtout permis au Chef
de l’Etat de se convaincre de l’engagement total des travailleurs à la vision
du gouvernement annoncée par le relevé N° 25 du conseil des ministres du
22 juin 2006 par lequel il a été demandé au ministre Pascal Koupaki et à ses
collègues de l’agriculture et du commerce de conduire le dialogue avec le
secteur privé et de veiller particulièrement à la dimension sociale de l’option
choisie. A la Sonapra,
travailleurs et cadres de la
Direction générale travaillent déjà à adresser au Chef de
l’Etat les différentes propositions qui pourraient aider à une sortie de crise.
Affissou
Anonrin