"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Promotion des cadres et recomposition de la classe politique béninoise :

 19 novembre 2007 - In la presse du jour

 Boni Yayi décidé à fragiliser les partis traditionnels

Depuis l’accession du président Boni Yayi à la magistrature suprême de l’Etat béninois, la conduite des affaires publiques a connu un changement radical. Si ce changement, dans le cadre de la gestion des ressources de l’Etat, jette les bases de la relance du développement du Bénin, en politique il a un effet déstabilisateur sur les partis politiques traditionnels.

La nomination des cadres frustrés des partis politiques traditionnels qui ne se sont pas fondus dans la grande famille des formations politiques soutenant, sans condition, l’action du régime est une arme redoutable que Boni Yayi s’est approprié pour fragiliser ses « adversaires » ou partenaires un peu trop intelligents. A cela, il faut ajouter les multiples organisations dont la création est suscitée dans telle ou telle région, autrefois chasse gardée, pour réduire la marge de manœuvre des formations politiques qui existaient avant l’élection présidentielle de mars 2006. Et comme les personnalités politiques béninoises sont, par nature, des régimistes, cette méthode prospère, au moins sur papier. Ainsi, depuis les dernières législatives où le chef de l’Etat lui-même a confectionné une liste, l’affluence, suscitée ou non, vers lui connaît une accélération sans précédent dans l’histoire politique du Bénin. L’une des situations favorisant cet état de choses étant le bilan à mettre à l’actif de celui à qui on peut faire allégeance sans honte ni gêne.

Une stratégie qui fait mal

Tout laisse croire que, pour Boni Yayi, il faut être dans son système ou être contre celui-ci. Ainsi, lorsqu’une formation politique fait montre d’une certaine indépendance de pensée et d’action, même si celle-ci se réclame de la majorité au pouvoir, elle devient une cible. La procédure est simple. Dans un premier temps, on établit la liste des mécontents ou frustrés dudit parti et dans un second temps, on y pioche lors des nominations aux postes de responsabilité. C’est sous ce registre qu’il faut inscrire les nominations comme celles de Galiou Soglo au ministère chargé de la jeunesse, de Joseph Tamègnon à la tête de la Sogema, etc. pour ce qui concerne la Renaissance du Bénin (Rb). Les exemples sont multiples pour ce qui concerne d’autres formations politiques au nombre desquelles on peut citer le Parti du renouveau démocratique (Prd), le Parti social démocrate (Psd), le Mouvement africain pour la démocratie et le progrès (Madep) etc. Pour toutes ces quatre formations politiques la constante est là que sans les consulter, le chef de l’Etat a une préférence intéressée pour leurs cadres mécontents ou frustrés. Pour Boni Yayi, il faut drainer le plus possible de cadres vers lui au détriment des partis politiques traditionnels. Car, derrière chaque cadre se trouvent en ordre de bataille politique un nombre non négligeable d’électeurs. Et c’est justement ces derniers, les électeurs, qui aiguisent l’appétit de l’animal politique qu’est Boni Yayi. Car celui-ci veut tout gagner sur le terrain politique.

Des ralliements tous azimuts

Ces derniers jours, la salle d’audience de la présidence de la République a vu défiler une kyrielle d’organisations politiques qui y sont allées faire allégeance au chef de l’Etat. Avec des déclarations d’allégeance parfois à la limite du reniement de soi-même. Suscités ou non, ces revirements participent d’une stratégie de fragilisation des formations politiques traditionnelles. Il suffit d’observer les régions dans lesquelles les organisations politiques de dernière génération prennent corps pour se rendre à l’évidence. Le grand Ouémé-Plateau, le Mono-Couffo, l’Atlantique-Littoral, le Zou-Colline… sont objectivement sur la liste et à dessein. Au nombre des localités visées, il y a une préférence particulière pour l’Ouémé-Plateau, fief naturel du Prd. Ainsi, pour la seule semaine dernière, une certaine Union des mouvements et associations pour un Porto-Novo émergent d’une part et une certaine coordination des partis politiques d’Adjara d’autre part étaient, entre autres, au palais de la République. Même les appellations sans contenu concret comme la coordination précédemment citée sont adoptées. Sinon que signifie concrètement coordination des partis politiques d’Adjarra ? Adjarra est-elle un pays pour avoir de partis politiques spécifiques ? Le ridicule ne tue pas en politique. En attendant qu’elle ne commence par tuer, la stratégie de Boni Yayi pour fragiliser les partis politiques traditionnels est en marche et fait sur son passage des victimes.

Euloge Badou



19/11/2007
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