"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Quartier latin ou quartier émergent ?

Quartier latin de bamboulas

mercredi 30 avril 2008

Arimi CHOUBADE

In Le NOKOUE

 

Terminé le mythe du modèle. Le pays de la conférence nationale de 1990 avec effet domino sur tous le reste de l’Afrique, discours de La Baule en filigrane. La messe du 20 avril a sonné le glas du résidu d’ergo. Une élection de bamboulas, incapables de distribuer des urnes en nombre suffisant, de prévoir des isoloirs, de se garder de tenir en laisse des consciences à l’aide de quelques billets de banque, d’éviter à des militaires de tomber dans la vulgarité de soudards incontrôlés…

Du gâchis avec à la manette un argentier national qui compte et recompte le moindre radis. Pourvu que l’argent sorte le moins possible pour la cause électorale sensée mettre à nu le recul mémorable de son patron dans les grandes cités du pays. Tant pis si le scrutin devait en pâtir au point de précipiter le quartier latin vers le peloton des enfants malades dont il est pourtant sorti depuis plus d’une vingtaine d’années. Il y a que des attardés qui peuvent ainsi choisir de persévérer dans la voie de l’autodestruction systématique sous le guide éclairé du docteur-président-plus-que-Dieu. Du caviar pour tous ces observateurs de la Cedeao, trop heureux de pouvoir enfin faire la morale à ces prétentieux. Oubliés les morts de la présidentielle au Nigeria, le boycott de l’opposition à la présidentielle et aux législatives sénégalaises, les scores à la Soviet Suprême au Burkina Faso, les bourrages d’urnes au Niger et tout près de nous les 400 tués à l’avènement de Faure avec son cortège d’exilés.

Pendant que la Cena manquait du minimum pour offrir des isoloirs aux électeurs, le pouvoir célébrait sous l’or et les paillettes les deux ans d’errance, de prétention et de péroraisons gratuites. A la place de la programmation rationnelle et intellectuelle, on a préféré les célébrations eucharistiques, les appels de muezzins et les élucubrations de féticheurs. Parce que, comme dirait l’autre : « les peuples noirs ne sont pas prêts pour la modernité ». Juste bon pour les animations de soutien à la gloire du « père de la nation »

Plus aucun africain ne rougirait désormais du reproche de ne pas suivre l’exemple béninois. Une sorte de confirmation que la règle sur le continent noir ce sont les élections bâclées, l’assistanat permanent des organismes internationaux à l’instar de l’Organisation internationale de la Francophonie, les lendemains de scrutin marqués par la déception et la désolation. La vitrine brisée ouvre donc la voie à toutes les excentricités électorales, du cap de Bonne Espérance au cap Gardafui et de Madagascar au Cap Vert. Du bamboulisme à tout vent. Bien malin qui peut prédire l’issue de cet embrouillamini. Une dizaine d’élections en 18 ans pour un résultat aussi frustrant. Certains esprits malins gagent déjà sur une représentation aussi calamiteuse au rendez-vous de 2011. Avec en plus le risque d’un paranoïa du pouvoir au cas où les rebellions tous azimuts devraient se poursuivre en son propre sein.

Une consolation tout de même : le pacifisme des Béninois s’est finalement imposé à toutes les envolées revanchardes des observateurs de la Cedeao. Beaucoup savent qu’il n’en faut pas plus chez eux pour laisser libre cours aux pogroms et aux massacres en tout genre.

Bamboulas mais non violents !

 

 



30/04/2008
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