Quartier latin ou quartier émergent ?
Quartier latin de bamboulas
mercredi
Arimi CHOUBADE
In Le NOKOUE
Terminé le mythe du modèle. Le pays de la
conférence nationale de 1990 avec effet domino sur tous le reste de l’Afrique,
discours de La Baule en filigrane. La messe du 20 avril a sonné le glas du
résidu d’ergo. Une élection de bamboulas, incapables de distribuer des urnes en
nombre suffisant, de prévoir des isoloirs, de se garder de tenir en laisse des
consciences à l’aide de quelques billets de banque, d’éviter à des militaires
de tomber dans la vulgarité de soudards incontrôlés…
Du gâchis avec à la manette un argentier national
qui compte et recompte le moindre radis. Pourvu que l’argent sorte le moins
possible pour la cause électorale sensée mettre à nu le recul mémorable de son
patron dans les grandes cités du pays. Tant pis si le scrutin devait en pâtir
au point de précipiter le quartier latin vers le peloton des enfants malades
dont il est pourtant sorti depuis plus d’une vingtaine d’années. Il y a que des
attardés qui peuvent ainsi choisir de persévérer dans la voie de
l’autodestruction systématique sous le guide éclairé du
docteur-président-plus-que-Dieu. Du caviar pour tous ces observateurs de la
Cedeao, trop heureux de pouvoir enfin faire la morale à ces prétentieux.
Oubliés les morts de la présidentielle au Nigeria, le boycott de l’opposition à
la présidentielle et aux législatives sénégalaises, les scores à la Soviet
Suprême au Burkina Faso, les bourrages d’urnes au Niger et tout près de nous
les 400 tués à l’avènement de Faure avec son cortège d’exilés.
Pendant que la Cena manquait du minimum pour
offrir des isoloirs aux électeurs, le pouvoir célébrait sous l’or et les
paillettes les deux ans d’errance, de prétention et de péroraisons gratuites. A
la place de la programmation rationnelle et intellectuelle, on a préféré les
célébrations eucharistiques, les appels de muezzins et les élucubrations de
féticheurs. Parce que, comme dirait l’autre : « les peuples noirs ne
sont pas prêts pour la modernité ». Juste bon pour les animations de
soutien à la gloire du « père de la nation »
Plus aucun africain ne rougirait désormais du
reproche de ne pas suivre l’exemple béninois. Une sorte de confirmation que la
règle sur le continent noir ce sont les élections bâclées, l’assistanat
permanent des organismes internationaux à l’instar de l’Organisation
internationale de la Francophonie, les lendemains de scrutin marqués par la
déception et la désolation. La vitrine brisée ouvre donc la voie à toutes les
excentricités électorales, du cap de Bonne Espérance au cap Gardafui et de
Madagascar au Cap Vert. Du bamboulisme à tout vent. Bien malin qui peut prédire
l’issue de cet embrouillamini. Une dizaine d’élections en 18 ans pour un
résultat aussi frustrant. Certains esprits malins gagent déjà sur une
représentation aussi calamiteuse au rendez-vous de 2011. Avec en plus le risque
d’un paranoïa du pouvoir au cas où les rebellions tous azimuts devraient se
poursuivre en son propre sein.
Une consolation tout de même : le pacifisme
des Béninois s’est finalement imposé à toutes les envolées revanchardes des
observateurs de la Cedeao. Beaucoup savent qu’il n’en faut pas plus chez eux
pour laisser libre cours aux pogroms et aux massacres en tout genre.
Bamboulas mais non violents !
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