"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Réactions suite aux menaces contre la liberté d’expression et de presse :

Écrit par La Nouvelle Tribune du 30/01/2008


  Yayi recule devant la pression des médias

(Annonce de plusieurs mesures bienveillantes)


Tels des cocoricos mardi matin, plusieurs professionnels des médias du Bénin à l’instar d’autres citoyens ont été réveillés par les mesures que venait de prendre le chef de l’Etat selon une bande annonce défilée sur les antennes d’une chaîne de télévision privée installée à Cotonou. Ces mesures selon la bande seraient entre autres relatives à la transmission à l’Assemblée nationale d’un projet de loi portant sur la dépénalisation des délits de presse et l’augmentation de cinquante millions du montant de l’aide annuelle de l’Etat à la presse qui était de trois cent millions de francs cfa. Ces présumées mesures bienveillantes sont encore prises par des pincettes au sein de l’opinion et pour les professionnels des médias, elles consacrent la reculade du chef de l’Etat dans le bras de fer engagé ce week-end par son porte parole, Me Lionel Agbo.


Sans aucune notification officielle pour l’instant, l’opinion nationale et internationale est depuis mardi matin saisie par la volonté présumée du président de la République du Bénin de faire introduire à l’Assemblée nationale, une loi sur la dépénalisation des délits de presse et de porter l’aide annuelle de l’Etat à la presse de trois cent à trois cent cinquante millions de francs cfa. Bien que ces mesures correspondent à de très vieilles revendications des professionnels des médias du Bénin, ceux-ci semblent un peu méfiants à leur annonce compte tenu du contexte dans lequel elles sont prises. En effet, par une sortie médiatique qu’il a effectuée vendredi nuit dans l’édition de 23 heures du journal parlé de la chaîne de télévision nationale, le porte-parole à la présidence de la République, Me Lionel Agbo a déclaré la guerre presque aux médias en les mettant sévèrement en garde contre la publication d’information éventuellement diffamatoires à l’égard du chef de l’Etat. Sa sortie diversement appréciée donc, a suscité lundi moult réactions montrant la grande détermination d’une frange des professionnels des médias à défendre à tout prix, la liberté d’expression de presse. « Nul ne pouvait s’attendre à ce que dans un tel contexte, le même chef dont les mises en garde sévères ont été portées il y a seulement deux jours à notre connaissance, décide de prendre des mesures aussi conciliantes et aussi bienveillantes à notre égard, » commente un responsable d’organe de presse approché mardi à Cotonou. C’est pourquoi, ajoute, un autre « nous devons rester sur nos gardes tout en saluant l’aimable attention que le président de la République vient d’accorder à certains de nos problèmes. »


La reculade ?


Sans pour autant crier victoire, une grande majorité des professionnels des médias estiment peut-être à tort, peut-être à raison que l’annonce de ces deux mesures vise l’apaisement suite à la levée de bouclier au lendemain de la sortie jugée « calamiteuse » du porte-parole à la présidence de la présidence. Pour eux donc, c’est une reculade de Yayi et un désaveu de celui qui a porté ses mises en garde au public vendredi nuit, Me Agbo. L’annonce desdites mesures paraît d’ailleurs si opportuniste aux yeux de certains professionnels des médias qu’ils disent n’avoir aucun doute sur l’intention présumée du chef de l’Etat de désamorcer la tension. Ces derniers pour s’en convaincre se réfèrent à l’adoption il y a seulement quelques semaines du budget général de l’Etat exercice 2008 sans qu’il n’y soit prévu l’augmentation de l’aide de l’Etat à la presse. Ce qui montre selon ces acteurs des médias que la décision de cette augmentation n’a été prise qu’entre vendredi et hier mardi suite à la levée de bouclier suscitée par les déclarations du porte-parole à la présidence de la République. Quant à la décision d’introduire au parlement un projet de loi relatif à la suppression des peines privatives de liberté pour les délits de presse, elle paraît tout aussi opportuniste que la première car beaucoup se souviennent de la lutte engagée par les associations professionnelles et certains organes de presse notamment le groupe de presse « La Gazette du golfe » depuis la condamnation en décembre 2006 de deux journalistes pour diffamation. Ce combat jusqu’à la naissance du présent bras de fer n’avait aucun résultat pas même l’accord du gouvernement pour l’introduction au parlement sous forme de projet de loi du nouveau code de la presse élaborée conjointement par la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (Hacc) et les associations professionnelles. Alors pourquoi subitement une telle gentillesse ?


Ludovic D. Guédénon



30/01/2008
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