"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Solution à la crise du Gsm au Bénin

Les conditions de Mtn et de Moov

 [30 juillet 2007] In Le Matinal

Les responsables de Mtn seront à Cotonou ce jour lundi 30 juillet 2007 et entameront de concert avec leurs homologues de Moov, des pourparlers avec le gouvernement béninois dès demain mardi pour trouver une issue à la crise que connaît le Gsm depuis la suspension de ces deux réseaux le 12 juillet 2007. Mais on n’est encore loin du bout du tunnel, car ces deux réseaux posent des conditions fermes qui risquent de ne pas plaire au gouvernement. ...

10 milliards de F cfa pour une durée de 10 ans ! Telle est la proposition que les responsables de Mtn et Moov ont dans leur sacoche et qu’ils comptent proposer au gouvernement béninois au cours des négociations qui vont démarrer demain mardi entre les deux parties. Et si le gouvernement béninois refuse cette première proposition, Mtn et Moov entendent faire une deuxième : celle de payer les 30 milliards de F cfa comme l’a imposé l’Autorité transitoire de régulation des télécommunications, mais pour une durée de 20 ans. Ces deux propositions de Mtn et de Moov sont par ailleurs assorties de deux conditions : la levée de mise sous tension de ces deux réseaux et le paiement par tempérament de la somme à payer si l’une des deux propositions recevait l’assentiment du gouvernement, contrairement au « paiement cash » exigé par l’Autorité transitoire de régulation des télécommunications. De sources bien informées les responsables de Mtn ne comprennent pas pourquoi le gouvernement béninois leur crée tant de difficultés alors que dans les 10 pays où Areeba est implanté, entre autres l’Iran, le Soudan, la Côte d’Ivoire, la Guinée, toutes les transactions se sont faites sans anicroches. Ils sont également surpris qu’au Bénin qui compte une population de 7 millions d’habitants avec un pouvoir d’achat limité et où le nombre d’abonnés ne peut excéder un million au bout de 10 ans selon leurs estimations, on leur impose de payer au comptant 30 milliards de F cfa alors qu’ils ont acheté au même prix la licence en Côte d’Ivoire qui fait plus de trois fois la population du Bénin (22 millions d’habitants) et où le pouvoir d’achat est plus élevé. Aujourd’hui on en sait aussi un peu plus sur les négociations qui ont permis à Areeba d’entrer dans le capital de Mtn. On sait en effet qu’il n’y a pas eu rachat à proprement parler de Areeba par Mtn. Ainsi, lorsque les négociations ont commencé entre les deux groupes, Areeba a proposé de céder à 1000 dollars Us, un abonné de son réseau à Mtn (l’abonné ici est l’unité de référence dans le Gsm, comme le kilogramme ou le litre l’est pour la mesure de capacité). De discussions en tiraillements, les deux parties sont finalement tombées d’accord à 500 dollars Us l’abonné. Cette somme multipliée par les abonnés de Areeba dans les 11 pays où elle est présente a été évaluée à 5,3 millions de dollars, contrairement au chiffre de 6 millions de dollars annoncé par un haut responsable du pays. Et si l’on a vraiment été à l’école et que l’on mène un raisonnement cartésien, on se rend rapidement compte que Areeba Bénin ne peut être vendu à ce montant-là, et même que toutes les sociétés béninoises regroupées ne valent même pas 1000 milliards de dollars. Il a donc été décidé que Areeba entre dans le capital de Mtn à hauteur de ce montant (5,3 millions de dollars), ce qui correspond à 14% du capital de Mtn. Il n’y a pas eu de l’argent cash entre les deux parties. Puisque Mtn est plus grand et plus prestigieux que Areeba, les deux parties ont convenu de garder la marque Mtn. C’est ce qui a été fait dans tous les 10 pays où Areeba est présente, sauf le Bénin. Au nom du Changement. Et pour revenir à la crise des Gsm qui sévit depuis plus de deux semaines dans le pays, les négociations qui s’engagent demain risque d’être serrées. Ce qui n’augure rien de bon quand l’on sait tous les désagréments que subissent les populations depuis bientôt trois semaines.

Se méfier des nouveaux arrivants

Depuis quelques jours, des responsables de réseaux Gsm étrangers se bousculent aux portes des autorités béninoises pour proposer leurs prestations en cette période de crise du Gsm. Certes, le malheur des uns fait le bonheur des autres selon un dicton. Mais il convient de ne pas se précipiter dans les conditions actuelles et de prendre le temps de choisir le meilleur réseau au cas où les négociations entre le gouvernement, Mtn et Moov venaient à capoter. Car parmi tous ces réseaux qui vantent leurs mérites au gouvernement, il y a certainement ceux qui veulent profiter de la situation pour s’installer au Bénin. Et il est souhaitable que les autorités béninoises prennent toutes leurs dispositions, notamment en se renseignant pour savoir pourquoi le gouvernement ghanéen a refusé in extremis la licence au réseau Glo, qui a été reçu a-t-on appris à deux reprises par les autorités et qui accepte sans conditions la signature du cahier de charges du l’Autorité transitoire de régulation des télécommunications. En effet Glo (Global Com Nigeria Limited) est le second opérateur Gsm au Nigéria avec 8 millions d’abonnés (contrairement aux chiffres annoncés chez nous), derrière Mtn qui compte plus de 15 millions d’abonnés chez le grand voisin de l’Est. Le chairman de Glo est connu sous le nom de Mike, un richissime homme d’affaires. Mais il a eu la malchance de supporter l’ancien vice-président de l’ex-président Olusegun Obasanjo, Aboubakar Atiku à l’élection présidentielle de mars dernier contre l’actuel président Umaru Yarad’hua. Ce qui n’a d’ailleurs pas plu aux nouvelles autorités du Nigéria qui ont commencé à mettre les bâtons dans les roues du patron de Glo. Il a dû quitter son pays pour se réfugier au Ghana où il a tenté d’installer son réseau Gsm sans succès à ce jour. Voulant entrer dans les bonnes grâces des autorités ghanéennes, il a financé à presque cent pour cent le 50ème anniversaire de l’indépendance de ce pays célébré avec faste. Pour la circonstance, toutes les artères de la capitale ghanéenne arboraient les banderoles Glo. Mais au dernier moment, la licence qu’il convoitait ne lui a pas été accordée. Aujourd’hui, Mike fait la navette entre Accra et Londres. A l’heure actuelle, son jet privé est stationné à l’aéroport Kouamé N’Krumah. Lui-même est porté disparu.



30/07/2007
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